Martin Servaz, Tome 5
Mai 1993. Deux sœurs sont retrouvées mortes en bordure de Garonne. Vêtues de robes de communiantes et attachées à des troncs d’arbres.
C’est la première enquête du jeune Martin Servaz qui vient d’intégrer la PJ de Toulouse. Très vite, il s’intéresse à Erik Lang, auteur de romans policiers à l’œuvre aussi cruelle que dérangeante. Les deux sœurs n’étaient-elles pas ses fans ? L’un de ses plus grands succès ne s’appelle-t-il pas La Communiante ? L’affaire connaît un dénouement inattendu, laissant Servaz rongé par le doute : dans cette enquête, estime-t-il, une pièce manque, une pièce essentielle.
Février 2018. L’écrivain Erik Lang découvre sa femme assassinée… elle aussi vêtue en communiante. Vingt-cinq ans après le double crime, Martin Servaz est rattrapé par l’affaire. Le choc réveille ses premières craintes. Jusqu’à l’obsession.
Une épouse, deux sœurs, trois communiantes… et si l’enquête de 1993 s’était trompée de coupable ?
Avis : Si on a du Servaz tout craché (des tordus, du touchant et de la noirceur) il n’en manque pas moins Hirtmann et Marianne, qui ne sont qu’évoqués.
L’auteur mêle passé et présent avec une facilité et une agilité impressionnantes. Il est ici question de la première enquête de Servaz en 1993, qu’il a aujourd’hui l’impression de revivre car les trois femmes tuées portent des robes de communiantes. Les deux soeurs tuées en premier, étaient jeunes et fan de l’écrivain Lang. La nouvelle tuée, n’est autre que la femme de cet écrivain. Les ressorts de la plongée dans le passé sont bien huilés et m’ont entraînée vers un coup monté. Un acharnement contre cet écrivain qui a des fans qui lui veulent du bien mais dans des réalités différentes de notre monde ordonné. Alors qu’il n’en est rien et que même en vous dévoilant ceci je n’ai rien divulgué du tout, tellement Bernard Minier s’est surpassé dans son twist cette fois-ci.
Il m’a aussi été très agréable d’en savoir plus sur la vie de Servaz, au tout début de son parcours de flic. Quand Alexandra était encore sa femme et que Margot, sa fille, avait deux ans. Quand il n’était pas chef d’un groupe, mais devait suivre les directives d’un autre. Quand il n’avait pas encore rencontré Hirtmann, le serial killer mélomane. Il est également agréable de voir en parallèle sa vie actuelle (même si elle est surtout vue par le prisme de sa fille et de la femme d’Espérandieu, son second) avec Gustave, son fils qu’il a sauvé en lui donnant son foie. (voir Nuit).
Bernard Minier se joue donc du lecteur, mais nous inclut aussi grâce à des clins d’oeil (les cauchemars de Servaz comme dans Nuit ou qui ressemblent à s’y méprendre à ceux de Gustave ; ou encore l’un des livres de Lang porte un titre contenant Glacé et parle d’un serial killer dans les Pyrénées…). Il met en scène des fans, alors que nous revenons avec Zina des Quais du polar 2019, que nous l’avons apprécié en conférence et que j’ai eu sa dédicace… en bonne fan qui se respecte et cela me plait de le voir remettre en cause certains aspect de la notoriété.
Soeurs est glaçant, il parle du cercle de la vie et on n’a pas envie de le lire la nuit, lumière éteinte car il est drôlement tordu et vicieux. Quelle putain d’histoire et il nous laisse au bord de l’abîme car il n’y aura peut-être pas d’autres Servaz (enfin ça c’est ce que l’auteur a laissé entendre lors des dédicaces…). Pardonnez-moi mon essai de faire une phrase avec tous les titres de ses précédents romans, mais n’hésitez pas à prendre part aux enquêtes dérangeantes et époustouflantes de Servaz car il le vaut bien.
Roman publié aux éditions Pocket
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