Pourquoi Moïra, une jeune Française, se retrouve-t-elle à Hong Kong chez Ming, le géant chinois du numérique ?
Pourquoi, dès le premier soir, est-elle abordée par la police ?
Pourquoi le Centre, siège ultramoderne de Ming , cache-t-il tant de secrets ?
Pourquoi Moïra se sent-elle en permanence suivie et espionnée ?
Pourquoi les morts violentes se multiplient parmi les employés du Centre – assassinats, accidents, suicides ?
Alors qu’elle démarre à peine sa mission, Moïra acquiert la conviction que la vérité qui l’attend au bout de la nuit sera plus effroyable que le plus terrifiant des cauchemars.
Avis : M, le bord de l’abîme est un très bon roman policier. Il nous entraîne dans une vision froide et même glaçante du monde de demain. De par les morts suspectes de plusieurs employées de M, une entreprise chinoise basée à Hong Kong, on est pris dans un suspense intense sur les dessous des géants du numérique.
On est d’abord aspiré dans cette double enquête par la description du suicide (?) d’une des employée de M. C’est elle qui nous parle et qui nous attire dans les filets de l’auteur. J’ai adoré cette sensation de partir dans l’abîme, comme elle dans le vide. On y rencontre aussi les deux flics Hong Kongais : un vieux et un jeune. La vieille garde, corrompue et cocaïnomane face à l’avant-garde fraiche et dynamique, qui boit de l’eau.
Il y a enfin Moira, la jeune française, qui est engagée par Ming, pour aider à la programmation d’un chat bot (assistant personnel) qui devrait révolutionner notre vie quotidienne et faire en sorte que nous fassions les bons choix. Bernard Minier insiste sur son passé un peu trouble mais surtout sa violence rentrée. Pourquoi est-elle là nous demande la quatrième de couverture ? … Et bien pourquoi pas pour prendre sa revanche sur la vie. Et ce petit suspense là, joue bien le rôle du tentateur pour continuer à lire.
Et très vite, la tentaculaire Hong Kong, avec son humidité, ses dangers et ses codes, a fini de me happer totalement. Il y a de l’angoisse liée aux meurtres, suicides et dépressions et de l’angoisse liée aux modes de vie des employés qui servent de cobayes aux big data. Ces cobayes sont plus ou moins volontaires… et leurs connexions par le biais de la montre, du téléphone, de la tablette, du bus intelligent et j’en passe… sont vraiment ultra dérangeantes. Bernard Minier ne grossit même pas le trait pour l’intelligence artificielle, les big data, la connectivité, la concurrence, le fait que des robots nous prendrons de plus en plus en charge (mais ceux qui programmeront les chat-bots, programmeront ils aussi notre cerveau ?) et c’est ça le plus flippant…
Alors voilà, s’il y a deux enquêtes, celle que mène Moira dans l’entreprise Ming pour savoir qui biaise l’assistant personnel et celle que mène la police pour les meurtres, c’est finalement le thème et le traitement qu’en fait Bernard Minier, ainsi que les pages de documentation en fin de livre qui sont fascinants. Alors d’accord j’ai aussi été emportée par la profondeur du vice dans cette ville (comme partout ailleurs j’imagine, mais tellement bien décrite ici), accentué par le tempérament des asiatiques et cette météo où tout colle à la peau, les vêtements comme les regards… Et j’ai eu envie d’y croire, à l’histoire d’amour et à celle de puissants qui sont bons, ou en tout cas, pas trop mauvais… Mais certaines pistes sont tiédasses avec des grosses ficelles, et c’est bien dommage. Bernard Minier ne m’avait pas habituée à ça. Pourtant dans l’ensemble, je n’ai pas lâché M, le bord de l’abîme et ce one shot, s’il ne vaut pas Une putain d’histoire, est quand même drôlement bien. Plongez-y vite, mais lumière allumée (il y a du bon gros suspense et des scènes d’une violence peu commune) et internet éteint (attention ils nous observent !!!!)
Roman paru aux éditions XO
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