Avis : Heureusement que Patrick K. Dewdney commence La maison des veilleurs par un résumé des 3 autres tomes pour nous rafraîchir la mémoire, car même si j’adore ce cycle, il y avait longtemps que je n’en avais pas lu. Rappelez-vous ou découvrez ici, que Syffe, le héros de cette saga passionnante est souvent au croisement des chemins du destin de ce monde. Et ce sont ses mémoires que nous lisons. Ce qui participe grandement à la beauté de ce cycle, car il se remet sans cesse en question et pratique une introspection bienvenue.
Ainsi s’il a débuté à Corne-Brume, alors pauvre orphelin chez la veuve Taron et avec Brindille, son amie de toujours, il va vite voir du pays et surtout s’ouvrir à différentes cultures et pensées. Il va d’abord connaître un peu d’aventure en servant d’espion au premiere-lame Hesse. Puis il va croiser les Gaïches, un peuple semi nomade et devenir ami avec Driche. Qu’il croit longtemps morte et qu’il va retrouvé chez le peuple Epone, qui sont des matriarches. Il va être sauvé par un guerrier Vars, Ulrich, qui va lui enlever bon nombre de ses croyances. Mais aussi connaître la vie de contrebandiers fluvial avec l’Écailleuse ou encore être apprenti du chirurgien Nahirsipal. Sans compter sur son passage dans les montagnes, chez les Arces, sur son esclavage, sur sa fuite des démons Deisi et surtout avec la Vigne, qui s’insinue partout mais surtout dans ses rêves et son corps, sous forme de bourgeançon. Cette Vigne est veillée par le Roi des Ormes et « Elle », quelque chose qui voulait s’accoupler avec Syffe…
Mais ce qui occupe le 3e tome et celui-ci, La maison des veilleurs, c’est la formation et le travail de la coterie. Lors de ses nombreux déplacements/errances, Syffe a sauvé un homme, qui s’avère être Aidan Corjoug, le primat de Bourre. Qui va lui offrir d’être chef d’une équipe qu’il va choisir lui-même et qui sera nommée La Coterie. Cette équipée va apporter de nombreux triomphes au primat et surtout donner un sens et des buts aux questionnements de Syffe.
Ainsi dans ce tome 4, il va aider à gagner la guerre des fleurs ; échapper à un empoisonnement et voir toute la force régénératrice des bourgeançons ; donner un roi au pays brunide, ce qui réunirait toutes les primautés sous la même bannière en faisant évader un orphelin d’une île carcérale ; trouver en Hui, une nouvelle alliée pour la coterie (une Catiche, sorte de loutre géante) ; célébrer le mariage d’Aidan ; et présider à la rencontre entre le légat Vicôme Clairvalle et la primauté de Vaux, en la personne d’Ovégie Villune. Primauté qui a viré sa cutie et fait dans la démocratie participative, sans chef. Un Grand danger donc pour tous les primats et gouvernants du monde…
Utilise un homme, il te nommera « manipulateur ». Utilise mille hommes, ils te nommeront « seigneur ».
Aphorisme des conseillistes AméliandaisEt malheureusement, Syffe va aussi voir sa peur ultime devenir bien réelle : « Des conquérants aux yeux noirs sont arrivés de l’ouest. […] Corne-Brume n’existe plus. La cité est tombée en une seule nuit . » Les Deisi, démons redoutés par ceux qui ont vu les yeux de leurs amis devenir noirs de suie et devenir surtout autres. Ainsi que la disparition de la vie sur des terres de l’ouest. Ce sera donc une des batailles à mener par Syffe et sa coterie dans le 5ème tome… Si celle-ci résiste aux dissensions que l’idée de ne plus avoir de Chef pourrait amener dans tout le pays brunide… Quel talent de conteur et ce cliffhanger final !
Que ce soit dans l’écriture ciselée, dans l’humour d’opposition, dans les intrigues ou l’univers fantastiquement foisonnant, Patrick K. Dewdney nous démontre une nouvelle fois sa maîtrise.
La maison des veilleurs de Patrick K. Dewdney est un roman publié aux éditions Au diable Vauvert