Carthagène, 1923. Dans la capitale du Nouveau-Coronado, la panique enfle. La Couronne s’apprête à organiser de grandes enchères pour céder sa colonie, lorsque d’horribles meurtres frappent soudain les élites de la ville. Les rumeurs imputent ces effusions de sang à la frénésie d’une « fée », un dieu des peuples autochtones. Mais Ferran, policier chargé de l’enquête, lui-même natif du Nouveau-Coronado, sait bien que les fées n’existent pas. Alors, qui sème le chaos ? Pendant ce temps, à l’autre bout de la péninsule, le juge-maje Ochozias n’obéit plus qu’à ses propres intérêts, ignorant depuis longtemps ses devoirs. Les promesses d’un étrange prisonnier l’entraînent pourtant dans une quête insensée. Car, au cœur de la cordillère, se trouveraient des filons d’un mythique minerai : l’orichalque. Voire quelque chose de plus précieux encore…
Avis : Avec Souveraine du Coronado, le dernier-né d’Emmanuel Chastellière revient dans l’univers de la Lune d’or. Rassurez-vous, si vous n’avez pas lu les précédents tomes, vous pouvez vous lancer dans cette aventure sans crainte, car chaque livre est indépendant*. Cependant, les aficionados de la série seront ravis de retrouver la sombre magie du premier opus.
L’auteur nous transporte cette fois-ci en 1923, dans la capitale du Nouveau-Coronado, où une série de meurtres mystérieux secoue les élites de la ville. En parallèle, c’est la touffeur de la jungle que nous retrouvons, où nous suivons une petite troupe essayant de rallier un ancien bastion. Ce qui m’a particulièrement marquée dans ce roman, c’est l’ambiguïté des personnages et leurs relations tumultueuses. Chastellière a pris le parti de nous faire suivre des protagonistes qui ne sont pas forcément très sympathiques. Certains même, carrément dérangeants, avec des relations malsaines qui m’ont parfois mise mal à l’aise, voire énervée. Je vous rassure, il y en a quand même certains auxquels on peut s’attacher. Mais ne vous attachez pas trop non plus, car on reste dans un univers noir où tout peut arriver… je dis ça, je dis rien
Si je dois émettre une petite réserve, c’est sur l’aspect « enquête policière » annoncé en quatrième de couverture. J’avoue avoir été un peu déçue sur ce point, car je m’attendais à une véritable investigation à la manière d’un thriller. En réalité, l’enquête en elle-même est plutôt anecdotique bien que le mystère entourant les meurtres fasse partie intégrante de l’intrigue. Il est plutôt ici questions d’enjeux politiques, de quête mystique, voire de quête identitaire.
Souveraine du Coronado s’intéresse en effet particulièrement aux thèmes de la colonisation et ses conséquences. L’auteur ne se contente pas de créer un simple décor exotique, il plonge profondément dans les réalités complexes d’une société coloniale, et une société qui se casse la figure en plus ! À travers les yeux des différents personnages, nous explorons le poids écrasant que fait peser la domination étrangère sur les peuples conquis. Le racisme, omniprésent et insidieux, les instincts de rébellion qui couvent sous la surface face aux désirs profonds d’acceptation, aux besoins de trouver sa place.
Souveraine du Coronado est un roman d’Emmanuel Chastellière publié aux éditions Critic
* L’empire du Léopard est en ce moment en promo numérique chez Critic