Ses parents partis parcourir la Polynésie, Rose – qui s’est installée avec le lieutenant Personne – se retrouve seule pour s’occuper de ses frères et sœurs. Coup sur coup, elle est confrontée au cambriolage de Popul’Hair, le salon de coiffure où elle fait la lecture, à la découverte inopinée de sa grossesse et au meurtre de l’ex-petit ami de sa sœur. Bientôt, c’est le meilleur ami de Camille que Rose découvre poignardé. Puis l’assassin s’en prend aux élèves du lycée où Camille est scolarisée. Un matin, alors qu’elle est censée préparer chez une amie une marche de soutien à la dernière victime, Camille disparaît.
Avis : Marin Ledun est un écrivain que j’affectionne particulièrement. Il est incisif, décalé et drôle. La famille rock & roll qu’il a créé est un petit bijou. Les pieds de nez, la non demi-mesure et son traitement de l’actualité font de ses livres en général, et de La vie en rose en particulier, des brulots hilarants et sans prétention mais qui font mouche.
La vie en rose met toujours en scène, comme dans Salut à toi ô mon frère, la famille Mabille-Pons et surtout Rose. Notre héroïne aux couleurs de cheveux improbables, à la playlist… disons vitaminée, et aux t-shirts à messages percutants, est ici mise devant un choix de vie. Et pas n’importe lequel puisqu’elle est enceinte de l’inspecteur Personne. Richard, aux yeux vert-pêche, qui doit encore une fois jongler entre le boulot (hécatombes de jeunes dans le lycée de Tournon) et de possibles liens avec Camille, la sœur de Rose. Comme rien n’est jamais simple dans cette famille, les parents ont décidés de partir en Polynésie et de laisser la maisonnée sous la garde de Rose, en pleine « panade » existentielle.
Elle va donc devoir gérer simultanément le cambriolage du salon de coiffure de sa meilleur amie, Vanessa ; les activités jugées hors normes de son frère Antoine, à L’EHPAD où il travaille, l’abysse des notes de Camille en maths, les meurtres aux couteaux dans Tournon puis l’enlèvement de Camille et bien sûr sa grossesse dont elle ne sait pas encore trop quoi faire…
Comme je le disais plus haut, Marin Ledun est un auteur brillant par son côté décalé. Ici encore, il réussit à fustiger les institutions (hôpital, éducation nationale, police, assurance….) tout en laissant voir les hommes et femmes derrière celles-ci. Et le rôle parfois héroïque, parfois bidon ou dangereux que ceux-ci ont sur nos vies. Il réussit aussi à poser les bonnes questions ou faire les bonnes remarques sur la maternité, la paternité, le féminisme, le choix de faire ce que l’on veut avec son propre corps, l’éducation, les amis, le respect, la fratrie…
Mais il ne fait pas que ça. Il a un rythme et une résolution d’enquête qui rendent ses polars addictifs. Et surtout, de voir des romans policiers avec d’autres intervenants que des policiers est toujours un plaisir (Du feu sous la cendre de Don Winslow, Par qui la Mort arrive de Joseph Hansen). De plus, il a réussi à me surprendre pour l’auteur des meurtres et de l’enlèvement. Il touche, c’est vrai, à un tabou.
Et oui, pour un polar, le dénouement reste aussi important qu’un bon jeu de mot ou une étude sociétale aboutie. Mais pas besoin de choisir car il y a tout ça dans La vie en rose.
Roman publié aux éditions J’ai lu
Prix Arsène Lupin 2019