Pyramide / Gaëtan B. Maran

Pyramide / Gaëtan B. Maran

couverture du roman Pyramide de Gaëtan Maran

Dans un désert sans fin, quelques peuples pauvres survivent sous l’autorité d’un leader impitoyable nommé Oasis. Leur seul espoir ? L’épreuve qui, tous les sept ans, remet cette place en jeu. Soixante-quatre jeunes concurrents sont envoyés s’affronter dans une pyramide truffée de pièges. Un seul atteindra le sommet, à condition d’être plus rapide que le sable qui avale tout sur son passage…

Avis : Pyramide est une battle royale, un Hunger games, bref une lutte à mort pour un pouvoir. Ici, le pouvoir ultime. Celui de l’Oasis, c’est-à-dire devenir le guide suprême du peuple qui gravite autour de la pyramide. 64 quartiers, 64 candidats. Parfois, certains ont été entraînés pour ce rôle ; parfois, juste une sacrée dose de malchance a présidé à leurs venues dans ce combat de tous les instants. La pyramide renferme tous les pièges, et seulement la moitié des participants atteint chaque niveau. Mais le sommet, unique, offre le pouvoir.

On y suit 4 personnages, très différents. Celma, du quartier des justes. Une mouvante qui a été modelée, entraînée à toutes les formes de combat, pour la révolution. « Ici, se révolter est un devoir » peut on lire dans le langage des mouvants sous la fameuse phrase de l’entrée de la pyramide « Bienvenue dans Pyramide. Ici, vivre est une douleur. Ici, mourir est un honneur. Bonne chance. ». Les mouvants s’entraident dans la Pyramide.

Vadim au contraire vient du quartier des ruines. Ce frêle jeune homme ne pense qu’à se venger de ses parents qui le battaient, de l’injustice de tout cela… il est loin d’avoir reçu un quelconque entraînement, mais compte sur sa rage pour s’en sortir. Il est seul.

Naïa quant à elle est « une poussière que la Famille revendique ». Quand leur champion Nyss n’a pas pu se présenter, elle a été projetée dans la course à mort, sans autre préparation que ses nombreuses lectures. Elle se battra pour revoir son père, Azat. Faisant partie de la Famille, elle leur doit sa chair (à canon ?) mais est vue comme le maillon faible.

Enfin, Saël est un discipliné. C’est-à-dire qu’il vit par et pour la doctrine de la Discipline. Lorsque son ami, Solal a été atteint du mal des sables, c’est lui qui a pris sa place. C’est un individualiste forcené.

Avec l’ensablement de la pyramide, le temps est compté pour nos apprentis tueurs. Et c’est ce qui donne tout le rythme à ce roman haletant. Gaëtan B. Maran arrive en même temps à nous faire apprécier ses personnages, car son écriture pointue les décrit superbement et explique leurs mobiles et leurs peurs de façon très intelligente. Leurs culpabilité (ou absence de…), leurs remords, leurs souvenirs sont autant de touches humaines qui fédèrent (ou pas…) nos émotions de lecteurs.

Le suspense est grandiose avec les pièges (catacombes, clepsydre centrale, hauteporte…) les combats et les intrigues entre les personnages ou les groupes de rescapés. Rien que le nom des pièges est une ode au langage. Mais tout ce roman est écrit d’un verbe haut et puissant. Un vrai régal !

Et enfin, la toile de fond sociale avec des parvenus, des révolutionnaires, et des plus pauvres que pauvres, rappelle les meilleures œuvres que j’ai lues, que ce soit Hunger games pour le côté battle royale, mais aussi Ayerdhal, et sa Chronique d’un rêve enclavé, pour la lutte de classe.

Ce premier roman de Gaëtan B. Maran est une réussite totale. Suspense, intensité des personnages, univers attractif et même la fin préservée jusqu’au bout lui donne d’emblé la marque de ceux qu’il faut suivre de près. Bref, vivement le prochain !

Roman publié aux éditions Syros

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