Rosemary, jeune humaine inexpérimentée, fuit sa famille de richissimes escrocs. Elle est engagée comme greffière à bord du Voyageur, un vaisseau qui creuse des tunnels dans l’espace, où elle apprend à vivre et à travailler avec des représentants de différentes espèces de la galaxie : des reptiles, des amphibiens et, plus étranges encore, d’autres humains.
La pilote, couverte d’écailles et de plumes multicolores, a choisi de se couper de ses semblables ; le médecin et cuistot occupe ses six mains à réconforter les gens pour oublier la tragédie qui a condamné son espèce à mort ; le capitaine humain, pacifi ste, aime une alien dont le vaisseau approvisionne les militaires en zone de combat ; l’IA du bord hésite à se transférer dans un corps de chair et de sang…
Les tribulations du Voyageur, parti pour un trajet d’un an jusqu’à une planète lointaine, composent la tapisserie chaleureuse d’une famille unie par des liens plus fondamentaux que le sang ou les lois : l’amour sous toutes ses formes.
Avis : Encore trop de choses sont dites dans la 4ème de couv’ ! Du suspens est perdu mais bon, ce livre reste une bombe !
Nous sommes dans de la SF comme je l’adore : aventureuse, ouvrant la réflexion et jouant sur les codes sociétaux. L’univers est appelé espace large et est régenté par l’UG (Union galactique). C’est un groupement d’intells (êtres intelligents) très disparates comme par exemple des espèces de pieuvres, des sauriens, des sianates (avec un virus qui leur permet de voir l’espace en 4 dimensions et de guider les tunneliers notamment), des aéluonnes qui sont apparemment comme nous mais avec des écailles douces et brillantes… L’UG sont en guerre contre les Rosks (insecte à mandibules) . Et les Akaraks (« oisillons maigrichon tombés du nid dans des scaphs ») ne leur veulent pas du bien…
Rosemary intègre l’équipage du Voyageur, un tunnelier qui creuse des passages dans l’infraspace entre des galaxies c-a-d des trous de vers. Elle y devient greffière ce qui leur permettra de pouvoir à terme « up-grader » leurs missions :Mieux payées car plus difficiles. Le Voyageur a comme Capitaine, Ashby Santoso, un humain pacifiste qui a embauché une équipe hautement hétéroclite avec ses 5 humains de coins très distincts et ses 4 intells dont Ohan, leur paire sianate avec son chuchoteur de virus. Mais aussi Lovey, leur IA de communication qui est très différente des IA informatives et fait vraiment partie de l’équipage à part entière. Et sans oublier le cuistot/docteur/psychologue Docteur Miam, un Grum, une espèce en voix de disparition. J’ai gardé la meilleure pour la fin :la pilote Sissix,une Aandrisks qui est un espèce de lézard avec des plumes. Et même parmi les humains, tous ne sont pas dans nos standards : ainsi Jenks le tech de toute petite taille est probablement génomorphé et Artis Corbin est un « alguiste talentueux et le roi des enfoirés ». Quand à Kizzy, l’autre Tech, elle est tellement pleine d’énergie que s’en est fatiguant.
Le Fil rouge de cette histoire est la petite histoire dans la grande. En effet, plusieurs des personnages ont des choses qu’ils souhaitent garder secrets soit totalement soit si ce n’est aux yeux de leur équipée au moins aux yeux des autorités. Mais leur nouvelle mission maintenant que Rosemary est parmi eux, ne va pas forcément leur laisser le choix.
Et c’est la puissance de ce roman. Tout est imbriqué et semble contenu comme dans un huis clos. Et immensément intense car remplis d’émotions fines ET de voyages Intergalactiques.
Becky Chambers allie Le cocooning des repas du Docteur miam et les antagonismes de peuples millénaires aux mentalités trop divergentes. Elle fait montre d’une certaine violence et de suspense (un cambriolage de leur vaisseau, une loi qui rend Corbin prisonnier des Quelins, une tentative d’explosion d’un vaisseau qu’ils aident, et surtout la mission hors norme pour se relier au territoire des Toremi Ka, les nouveaux partenaires de l’UG…) mais ce n’est pas le sang et les tripes qui l’intéresse. Non, ce sont les conclusions, les embrassades, les suites et les remontées de pentes qui sont au cœur de son partage.
Il n’empêche et malgré ce que beaucoup veulent en dire, j’ai trouvé ce roman frais mais fort et la violence est vraiment présente même si elle n’est pas visuelle. Les personnages sont attachants. Mais pas parce qu’ils sont forts et merveilleux. Non. Non . Trop facile. C’est parce qu’ils ont des failles de ouf et surtout des sociétés culturelles si différentes !
C’est donc l’autre immense beauté de ce roman, les moments dans les « familles » des différents protagonistes. Gros big up pour les familles plumes, couvées et oeufs de Sissix avec des scènes sexuelles étranges mais aussi une ouverture d’esprit incroyable. Et des scènes qui seraient hyper filmique sur Grillon, la famille tech d’adoption de Kissy avec deux frères, Ours et Plume, et une sœur, Ambre digne de robocop/la cité des enfants perdus pour les yeux et bras bionique !
Alors si vous avez envie de plonger dans des secrets et de voir ce que cela va déclencher sur ce petit groupe plus ou moins soudé. Ou si vous aimez la SF avec des bestioles différents, des planètes étranges et de la politique car oui, j’oubliais tout est politique… enfin certains dirait économique (mais ne soyez pas surpris, ici comme ailleurs c’est bien les deux…). Ou si vous souhaitez juste une histoire d’amitié incroyable, l’espace d’un an est fait pour vous.
Vivement les autres tomes !!!!
Roman publié aux éditions Le Livre de Poche – Traduit de l’anglais par Marie Surgers.