En 1979, John Varley imagine un bouleversement des identités sexuelles.
Avis : Attention, coup de cœur ! Je connais peu John Varley, je n’ai lu de lui que Blues pour Irontown qui, bien que très plaisant, ne m’avait pas totalement convaincue. Mais d’après ce que j’ai lu, merci la synchronique du texte, bien qu’il ait une dizaine de romans à son action, il est surtout connu pour être un nouvelliste de grand talent. Il me l’a amplement prouvé ici avec Options, un récit féministe et engagé particulièrement percutant !
L’auteur nous transporte dans un futur indéterminé ou changer de sexe est devenu une simple formalité, totalement respectée par la société et ce, d’autant plus facilement que cette opération est totalement réversible. Cléo et Jules, un couple heureux parents de 3 enfants, ne se sont jamais vraiment intéressés à ces choses. Jusqu’au jour où Cléo, fatiguée de tout assumer, de se sentir reléguée dans un rôle, sans qu’elle n’ait son mot à dire, décide de bouleverser leur quotidien, pour s’essayer au changisme.
Fondamentalement, ce que nous réalisons, c’est cloner un corps à partir de l’une de vos cellules. Par le biais d’un processus appelé substitution virale du recombinant Y, nous retirons l’un de vos chromosomes X pour le remplacer par un Y. le clone est amené à maturité par les méthodes habituelles, ce qui prend environ 6 mois. Après cela, ce n’est que l’affaire d’une banale transplantation de cerveau sans risque de rejet. Vous êtes une femme en entrant et vous êtes un homme une heure après en sortant. Pas plus complique que ça.
Avec Options, John Varley questionne non seulement la charge mentale portée par les femmes, mais aussi la notion de genres et la construction sociale. Il interroge ces rôles prémâchés et prototypés dont la société nous afflige, ces diktas qui décident de ce que « doivent » être un homme et une femme. C’est saisissant de justesse, et malheureusement encore aujourd’hui totalement d’actualité ! Et imaginez un peu que cette nouvelle a été publiée pour la première fois en 1979, ce qui est assez extraordinaire pour cette époque !
Le titre se clôt par une postface de John Varley, très intéressante, où il revient sur le contexte de l’écriture de cette nouvelle et par l’habituelle synchronique du texte qui le met en perspective de l’époque où il a été écrit.
Nouvelle publiée aux éditions Le passager clandestin (Dyschroniques) – Traduit par Jean Bonnefoy pour la nouvelle et par Dominique Bellec pour la postface.
La nouvelle a été nominée pour les prix Hugo (1980) et Nebula (1979) dans la catégorie meilleure novelette.