Gens de la Lune, Tome 3
Christopher Bach était policier lors de la Grande Panne, ce jour où le Calculateur central, qui contrôle tous les systèmes de survie sur Luna, a connu une défaillance fatale. La vie de Chris a alors irrémédiablement basculé, et il essaie désormais d’être détective privé. Assisté de son chien cybernétiquement augmenté, Sherlock, il tente de résoudre les quelques missions qu’on lui confie en imitant les héros durs à cuire qui peuplent les livres et films noirs qu’il adore.
Lorsqu’une femme entre dans son bureau et prétend avoir été infectée volontairement par une lèpre incurable, Chris est tout disposé à l’aider à retrouver celui qui l’a contaminée. Mais il va vite déchanter en comprenant que son enquête doit le mener là où personne n’a réellement envie d’aller de son plein gré : à Irontown…
Avis : Blues pour Irontown est le 3e opus se déroulant dans l’univers des Gens de la Lune. Chacun présente des personnages différents, ce n’est donc pas gênant de ne pas les lire dans l’ordre. Je n’en ai lu aucun, et je ne me suis pas sentie perdue à la lecture. Je recommande de lire la préface de l’auteur, qui est vraiment sympa, et donne envie de lire les autres tomes !
Nous rencontrons ici Christopher Bach. Ancien policier, il s’est reconverti en détective privé suite à une opération qui a – très – mal tournée. Il voue un culte aux vieux romans noirs des années 30 et 40, et en hommage à ses héros, ne se promène jamais sans son chapeau mou et son imper. Sur Luna, où l’on peut changer de sexe comme de paire de chaussettes, des siècles après la mort de ses écrivains fétiches, il fait figure d’original, et ce, d’autant plus qu’il refuse tout implant cybernétique. Ce qui n’est pas toujours le plus commode pour communiquer avec son associé, Sherlock, un chien augmenté.
Blues pour Irontown me pose un problème. J’ai trouvé le récit agréable et le monde intéressant, mais beaucoup trop de flou artistique, et l’intrigue que nous présente la 4e de couverture n’est pas la bonne. Ne commettez pas l’erreur de vous y fier, comme cela a été mon cas, car vous allez vous retrouver à la moitié du roman sans que le héros n’ait encore mis un orteil à Irontown, et avec l’impression de tourner en rond. Il faut dire que Chris n’est pas exactement le gars le plus entreprenant de la terre. Alors qu’une mystérieuse femme vient l’engager afin qu’il retrouve un homme qui lui aurait transmis une maladie, il va mettre 2 semaines à se décider à bouger (!!), et au lieu de partir en chasse de cet homme, sans qu’on sache réellement pourquoi, c’est en quête de sa cliente qu’il va se mettre.
Le mélange de polar noir et de planet opera ne pouvait que me plaire, mais Christopher a manqué, pour moi qui pensait connaître l’intrigue, non pas de caractère, car on comprend très bien son traumatisme et que franchement, il est plutôt sympathique, mais de sens de l’initiative. Pour autant, on ne s’ennuie pas, grâce à une ambiance soignée et un ton non dénué d’humour et d’autodérision. Christopher a parfaitement conscience de ses faiblesses, et surtout, John Varley a eu l’excellent idée de donner la parole à Sherlock, le chien. Ces chapitres sont de vraies bouffées d’air frais, très amusantes.
Là où j’ai eu plus de mal, c’est sur cette fameuse intrigue. Moi, j’aime les choses simples, et le twist que nous propose l’auteur m’a paru inutilement compliqué et alambiqué. L’explication qu’il nous propose, trop succincte, ne m’a pas convaincue. Tout ce qui concerne la partie de bonneteau avec le Calculateur Central – et le CC lui-même -, aurait pu être vraiment intéressant si John Varley avait pris le temps de la développer, mais en l’occurrence non seulement cela sort de nulle part, mais ça manque sérieusement d’explication pour que j’ai pu l’appréhender correctement. Et c’est peut-être ici que se ressent l’absence de connaissance préalable à l’univers…
Au final, Blues pour Irontown n’a que les atours du polar noir, sans qu’il en soit réellement un. Reste un roman divertissant, qui fait le job, pour un moment de détente.
Roman publié aux éditions Folio (SF) – Traduit de l’anglais (États-Unis) par Patrick Marcel
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