Le prix de la vengeance / Don Winslow

Le prix de la vengeance / Don Winslow

Couverture de Le prix de la vengeance de Don Winslow

Eva Mc Nabb, opératrice d’appels d’urgence pour le 911 à La Nouvelle- Orléans, reçoit un appel relatant l’assassinat d’une policière et l’enlèvement de son coéquipier par les narcotrafiquants qui gangrènent la ville. Il s’agit de Danny, son propre fils, que l’on retrouve mort après des heures d’agonie. Brûlé, brisé, os après os. Dès lors, Eva n’a plus qu’une obsession et convoque son fils aîné, Jimmy, policier lui aussi : « Je veux que tu prennes ta haine à bras-le-corps. Je veux que tu venges ton frère. »

Avis : 6 novellas d’un des maître du thriller pour moi, c’est 6 délicieuses gourmandises que j’ai dévorées !

Le prix de la vengeance, la première des novellas donnant son titre au livre, est un concentré de ce qui fait que Don Winslow est un de mes auteurs préférés : un suspense viscéralement flippant et une caractérisation des personnages exceptionnelles. Ici, il parvient à nous faire comprendre Jimmy, alors que celui-ci veut venger son frère et va enfreindre plus d’une fois son serment de flic pour y arriver… Cette novella se passe à la Nouvelle Orléans, mais elle est typique de l’esprit policier et la grande famille des représentants de la loi que Don Winslow décrit si bien dans la trilogie de La griffe du chien.

Dans Crime 101, Le zoo de San Diego et Sunset, les trois novellas suivantes j’ai découvert Ronald « Lou » Lubednick, un lieutenant de la brigade des braquages.

Dans Crime 101, il est en prise avec un voleur de pierres précieuses auquel il est le seul à croire, selon la théorie du « lone wolf ». Comme souvent, l’auteur s’appuie sur des héros imparfaits, soit par rapport à leur physique, soit par rapport à leur façon d’être au monde. Ici, les personnages ont une éthique particulière face à la loi. Et le revirement de situation est jubilatoire.

Dans Le zoo de San Diego, on est plutôt dans une histoire d’amour simple et honnête avec une mise en situation hilarante lorsqu’un chimpanzé vole un pistolet. Chris Shea est un policier patrouilleur qui souhaite rentrer dans le service de « Lou » Lubednick, aux cambriolages. Et il rencontre, peut-être, sa future femme en la zoologiste Carolyn Voight, qui s’occupe du chimpanzé. Les risques qu’il prendra dans tous les sens du terme et de sa vie (amoureuse, psychologique et professionnelle) seront-ils récompensés ?

Dans Sunset, on découvre encore plus tous les amis de Lou dont Neal Carey, le professeur de lettres et Duke Kasmajian, le payeur de caution. Et on rencontre aussi ses connaissances, surtout la patrouille de l’aube, des surfeurs. Cette fois c’est une histoire de caution non payée et de chasseur de prime. Mais surtout, c’est une histoire sur l’amitié. Les couchés de soleil sont le clin d’œil à cette quatrième novellas et c’est toujours un plaisir de découvrir une ville, ici, San diego par les yeux de Don Winslow.

C’est avec Paradise que j’ai encore eu plus de plaisir car cette novella m’a permis de retrouver les personnages de O, Chon et Ben. Les trois mousquetaires de Savages et The Kings of cool sont ici aux prises avec une bande de dealers d’Hawaii. Comme toujours c’est impeccable, autant dans le rythme que dans l’histoire de gangster, mais aussi dans les relations entre les trois protagonistes principaux et leur fonctionnement si particulier. Avec toujours un honneur extrême et un rapport au monde intense. De plus, on y croise Frankie Machine et Bobby Z, ce qui bien sûr me donne plus que jamais envie de lire les autres livres de Don Winslow avec ces deux personnages.

Enfin, La dernière chevauchée est un western sur des Américains dont on a détruit le « rêve américain » mais qui ont encore des valeurs d’honneur et de justice dans notre monde de racistes, de drogues et d’opportunistes. Cal est devenu gardien au centre de rétention des immigrants au Texas, mais il est touché par la vison d’une petite fille derrière les barreaux. La fin est belle et pleine d’honorabilité dans le bon sens du terme.

Avec Le prix de la vengeance et ses 6 novellas, Don Winslow fait ce qu’il sait faire de mieux : il dépeint une Amérique au bord du drame. Il met en scène des contrées reculées où des « losers » sont pourtant plein d’humanité, de rêves et de forces. Il montre l’envers du décor : les policiers mal payés qui font leur boulot et ceux qui dérapent, les pots de vin ou échanges d’info dans les compagnies d’assurance (comme dans Du feu sous la cendre), le système carcéral pour les migrants, et comment certains en arrivent à baisser les bras.

C’est toujours édifiant de plonger dans les abysses du système et d’en ressortir grandi par des personnages perdus qui se retrouvent… Ou pas ! Et Don Winslow montre son amour pour sa patrie (ou plutôt pourl’humanité en entier mais il se trouve être Américain) dans ses histoires moches, et si belles à la fois.

Merci à lui et il me tarde vivement de connaître mieux un autre de ses personnages comme Bobby Z ou Frankie Machine !

Roman publié aux éditions HarperCollins (Noir) – Traduit de l’anglais (États-Unis) par Isabelle Maillet.

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