Joseph fabrique le berceau de sa première petite-fille, lorsqu’un coup de téléphone l’interrompt. Un crash d’avion : son fils dedans, son gendre aussi. Et la petite alors ? Sauve, bien vivante ! Prête à naître, car grandissant dans le ventre d’une mère porteuse canadienne choisie par le couple homosexuel. Joseph n’a jamais foutu les pieds hors de sa Normandie natale, il a passé sa vie dans une ferme, vendu ses vaches, enterré sa femme : il n’a plus que cette enfant en tête. Alors il part. À la rencontre de la minuscule promesse qui prolonge l’existence de son fils. À la rencontre de la jeune étrangère, farouche et indomptable, qui la couve. Rien n’est simple dans cette histoire, mais il se lance, à plein régime, dans une réinvention audacieuse et poignante de la famille contemporaine.
Avis : Le berceau est un bouquet d’émotions. Traversé par la peine, il est une ode à l’espoir. Classé comme un roman « feel-good », il nous rattache à une réalité brutale. Fanny Chesnel nous propose peu de personnages, mais ceux-ci sont si réels que l’on pourrait croire qu’elle s’est inspiré d’un fait réel. On est bien au-delà des apparences : ce n’est pas juste une famille traditionnelle touchée par un drame.
Tout tourne autour de Joseph, agriculteur à la retraite, veuf, père de deux enfants que l’isolement et une éducation à la dure ont rendu égoïste. La perte de son fils, Emmanuel, dans un crash d’avion, a le double effet d’alourdir sa peine et de redonner un sens à sa vie. Pourtant, qu’est-ce qu’il a été heureux. Seul, parmi ses bêtes, avec sa femme qui élevait leurs deux enfants et l’aimait, il a été heureux d’apprendre le mariage de son fils, son homosexualité ne l’a pas perturbé tant son gendre était formidable. Mais maintenant qu’ils ne sont plus là tous les deux, que sa femme est partie et qu’il ne reste plus que sa fille, Aude, qui s’enferme aussi dans son chagrin, il se retranche derrière un seul être qui peut donner un intérêt à sa vie : sa petite-fille qui grandit au creux du ventre d’une mère porteuse américaine. Alors, comment faire quand les parents sont portés disparus et que les beaux-parents sont trop accablés par leur perte pour se lancer dans cette aventure ?
Homosexualité, gestation pour autrui, deuil, isolement,…les thèmes sont posés là sans fioritures et sans tabou. Le style est léger, d’une justesse dans les émotions et les descriptions : les mots qu’il faut, pas de surplus. Il n’y a pas de suspens, on sait d’avance comme cela se termine : on accompagne Joseph dans sa quête du bonheur et s’en est là tout l’intérêt.
Roman publié aux éditions J’ai lu.