Latium, 1 / Romain Lucazeau

Latium, 1 / Romain Lucazeau

couverture du roman latium tome 1 de romain lucazeau

Dans un futur lointain, l’espèce humaine a succombé à l’Hécatombe. Reste, après l’extinction, un peuple d’automates intelligents, métamorphosés en immenses nefs stellaires. Orphelins de leurs créateurs et dieux, esseulés et névrosés, ces princes et princesses de l’espace attendent, repliés dans l’Urbs, une inéluctable invasion extraterrestre, à laquelle leur programmation les empêche de s’opposer. Plautine est l’une d’eux. Dernière à adhérer à l’espoir mystique du retour de l’Homme, elle dérive depuis des siècles aux confins du Latium lorsqu’un mystérieux signal l’amène à reprendre sa quête.

Avis : Avant Latium 1, je n’avais pas lu beaucoup de space opéra (à part Existence) et donc la proposition des éditions Folio SF tombait à pic.

On est ici dans du lourd. Du moins dans les 100 premières pages (sur 550). Il y est question de philosophie, de politique et de manigances, mais aussi d’intelligence artificielle versus émotions, tout ça sur fond interstellaire, mais sans musique classique ni explosion en fond sonore ! Le vide intersidéral est vide… de son, comme aime à le rappeler l’auteur.

J’ai mis du temps à rentrer dans cette histoire de conscience artificielle opposée à la conscience humaine. Non seulement à cause de ce thème (que je trouvais déjà assez inintéressant dans Westworld ou dans La fille automate même si j’ai beaucoup aimé ce livre), mais aussi par les noms grecs et latins, les connaissances en philosophie qu’a l’auteur, le vocabulaire employé (absurdement, dyonisique, épanthropique, perversion casuistique,…) et l’absence de rythme du début.

Passé ce début difficile, c’est une nouvelle histoire qui se déroule, avec du mouvement, des complots beaucoup plus rythmés et de l’action, bref du space opéra sur environ 100 pages. Et donc je me suis (enfin !) passionnée pour cette lutte des puissantes intelligences (presque humaine des hommes-chiens, biologique de la nouvelle Plautine ou artificielle d ‘Othon et de ses lieutenants).

Latium nous raconte la vie de ces machines, qui suivent le Carcan, LA règle qui leur impose de protéger l’Humanité même si elle n’existe plus. Car un événement nommé l’hécatombe a vu mourir (dans d’atroces souffrances !!) tous les humains de la galaxie et probablement de l’univers… Donc ils se doivent de protéger la potentielle niche écologique qui a vu naître les humains, au péril de leurs existences quand des extra-mondins se rapprochent de notre galaxie et voudraient s’installer.

On suit donc, entre autres, Plautine, l’une de ces machines. Elle est devenue une nef interstellaire alors qu’avant, elle n’était qu' »une » intelligence artificielle dans un corps d’automate. Elle a passé la main à 4 noèmes qui représentent quatre parties de son « caractère » : Blepsis est sa soif de connaissance et de compréhension ; Teukè est éprise d’ordre ; Ploos, représente la survie et Oikè, recherche l’accomplissement du bien. Mais ces quatre parties ont eu des millénaires pour évoluer et donc, ne sont plus si proche de l’originale que ça. On voit également évoluer Othon qui, lui, a voulu garder un corps déïfiable (donc fort et imposant) et il a donné le contrôle de sa nef à des noèmes spécialisés différenciés de lui-même.

Ils étaient alliés, le seront-ils toujours quelques millénaires plus tard ? Ou bien vont-ils devoir s’allier à l’Urbs, l’assemblée des autres intelligences? En tous cas, ils ne voient pas le Carcan de la même façon. Plautine (ou plutôt, Oikè) a créé un double semi-biologique de Plautine avec sa mémoire originelle, inchangée par les millénaires passés dans l’espace. Et Othon a lui opté par la création d’une race d’hommes chiens, qui pourraient prendre la place de l’Humanité, ce qui pourrait le mettre dans une situation inconfortable par rapport au Carcan. Et certains de l’Urbs voudraient même s’émanciper par rapport à celui-ci.

Et les barbares arrivent. Ils ont apparemment fait un saut technologique imprévu par les intelligences artificielles et se retrouvent aux portes de la niche écologique d’où pourrait renaître l’humanité. Que faire ?
Et que dire du meurtre qu’a représenté l’hécatombe ? Qui en est l’auteur ? Vinius, Achinus, ou Alecto que tout désignait à l’époque comme l’antéchrist ?

C’est vraiment le côté manipulations et anticipation qui m’a plu, plus que le côté gréco-romain et réminiscence. Et bien sûr, les très bonnes scènes de batailles intergalactiques et les déplacements spatio-temporels sont la cerise sur le gâteau ! Sans parler de la naissance de Plautine biologique et de ses rêves, ou de la scène comique de Plautine soumise au médic de la nef d’Othon. Et j’espère que Latium 2 saura répondre aussi brillamment à tout ce suspense et ses questionnements métaphysiques.

Je vous laisse avec ce passage troublant :

L’Homme n’était ni libre ni immortel : il n’avait pas, à proprement parler, d’âme, bien qu’indubitablement doté de conscience. Mais pour un noème, une créature de transcendance et d’intellection, qui ne portait pas en elle le spectre de sa propre mort, point d’autre voie que de se fixer un objectif et de l’accomplir.

Roman publié aux éditions Folio SF
Grand Prix de l’Imaginaire, Chrysalis Award, prix Futuriales Révélation 2017

 

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