Existence / David Brin

Existence / David Brin

couverture de Existence de David BrinRésumé : Téléprésence : surveillance généralisée de tous par tous, partout, tout le temps. Le moindre événement s’attire aussitôt dix millions de regards virtuels. Livingstone est un éboueur spatial, chargé de nettoyer un siècle de déchets orbitaux. Jusqu’au jour où il tombe sur un étrange cristal. Une heure plus tard, tous les réseaux bruissent de rumeurs à propos d’un « artefact extraterrestre ». Une bouteille à la mer, avide de communiquer… de bonnes ou de mauvaises nouvelles ? Le monde, lui, réagit comme à son habitude : avec un mélange de peur, d’espoir, d’amour et de violence…

Avis : Quel magnifique objet livre ! Je n’ai pas pu m’empêcher de plonger dans Existence comme dans l’espace infini, avec prudence mais aussi le cœur battant d’espoir et de suspense ! Et avec une citation de première partie intense, on est vraiment dans l’expectative d’un grand roman qui va vous bousculer, vous faire rêver et voyager ! « Ceux qui méconnaissent les erreurs du futur sont condamnés à les commettre », vous êtes prévenus et vous ne serez pas déçus !

Nous avons affaire à des séquences qui vont par deux ou trois, à chaque chapitre : un petit texte en italique, souvent sur les autistes mais parfois avec des citations, suivi du « vrai » chapitre, enfin un texte se rapprochant d’une émission de radio ou YouTube. Tout est lié mais l’intrigue avance très progressivement et jamais là où je l’attendais ! Le suspense est habilement mené. Les personnages sont suivis, malmenés ou perdus. Les indices sont semés judicieusement mais avec parcimonie. Nous sommes malgré tout dans un univers américain avec notamment une description de Washington énormissime.

Nous suivons également beaucoup de personnages ; il faut un peu s’accrocher de ce point de vue là. En plus, les catégories ne seraient pas celles que l’on a de nos jours : avec des êtres cro-magnons, des auties, des androïdes, des entités extra-terrestes, des animaux, des humains vivants dans des tubes de survie et humains tout cours.

Vous êtes prêts ?

Il y a donc Gérald, l’astronaute au lasso par qui tout débute car c’est lui qui trouve l’artefact extra terrestre ; il y a Hamish, politicard/écrivain/lobbyiste/agent secret (oui, oui, tout ça) ; il y a Tor (ma préféré) qui va s’avérer être une lanceuse d’alerte puis une héroïne hors normes ; il y a Hacker, que l’on appellerait bien fils de riche/entrepreneur de génie ; sa mère, Lacey multimilliardaire qui essaie de devenir scientifique et souhaite secouer le cocotier, puis plus tard arrive Peng Xiang Bin (que l’on appellera Bin pour faciliter ces explications), le pauvre ramasseur/pécheur de déchets. On peut aussi parler de Prudence Avisée, Bouddha ou Pêcheur en piqué lent pour les entités extra-terrestres.

Il y a bien sûr pas mal d’autres personnages – cela serait trop simple, non trêve de plaisanterie, cela ne serait surtout pas assez construit et l’on ne se sentirait pas si bien dans ce roman !!! Comme un scientifique rastafarien (chercher l’intrus), des dauphins, et Mei Lin, la femme de Bin, qui va connaître la chimère basque, un autre personnage qui est plus que mystérieux.

Les différentes parties de chaque chapitres nous aident à comprendre l’histoire de la Terre depuis nos jours jusqu’à ce passé pas si lointain que cela, 2040 environ. Des grands évènements terroristes et écologiques (terreur de Yellowstone, jour sombre, 13 titans,…) ont fait basculer la Terre vers un monde où les inégalités sont immenses. Un monde où les connaissances médicales, les avancées technologiques, les ressources ne sont toujours pas partagées équitablement. Ainsi on va dans l’espace mais pour en ramasser les déchets ou alors si l’on est extrêmement riche. Des zones sont détruites, d’autres sont surpeuplées. On ne sait pas trop ce que sont ces évènements mais cela n’a pas d’importance, le résultat seul compte. A leur évocation, le lecteur est plongé dans ce monde en ayant l’impression d’en faire parti et d’avoir ce passé en commun avec les protagonistes.

On y parle « IA » à toutes les sauces: mariage, iassistant, serpiant, moia, griaffitis… et aussi d’ « E »: e-lerts pour alertes, e-ssaim (formation d’un groupe de citoyens avec un plus ou moins grand degré de confiance qui essaie de récolter des infos par d’autres voies que les canaux habituels et de les rendre visibles par tous pour apporter plus de transparence dans les débats). Les objets connectés et les implants corporels sont communs. Par exemple, plus besoin de parler il suffit de subvocaliser et votre rétine vous annonce le nom et pedigree de votre interlocuteur !

Les descriptions de ce monde futur sont, je l’ai déjà dit, remarquables. Des véritables plans séquences se déroulent sous mes yeux ébahis, comme au cinéma, tant les détails sont somptueux et l’écriture est vibrante, vivante. Le lasso de l’espace, dès le début, vous catapulte dans le cosmos. De même, l’aéronef dirigeable est une scène époustouflante. De plus, la ville engloutie m’a ravie. Enfin, le serpiant est la scène de guerre/espionnage qui se déroule sous l’eau et vous bloque la respiration tant que vous ne savez pas si Bin va s’en sortir vivant…

David Brin a écrit ce livre en 2012. Aujourd’hui, il résonne encore pleinement. Terrorisme. Despotisme. Fausses vérités. Droits des minorités bafoués. Choisissez votre bataille, elle est dans ce livre….

Les personnages sont fabuleux et le travail fait par David Brin (et son traducteur !!) pour construire le monde d’Existence et que tout tienne la route aussi bien et avec un tel degré de détails, de poésie, de philosophie et de suspense est absolument titanesque.
En effet, les actes demandés aux différents protagonistes peuvent en entraîner des milliers, voire des millions d’autres de leurs concitoyens terriens dans une voie potentiellement dangereuse ou en tout cas qui les met sur une voie évolutive complexe et très différente de celle qu’ils auraient pu suivre autrement. Ainsi, si Gérald ne touche pas l’entité et même au delà ne la ramasse pas comme son amiral le lui conseille, cette histoire n’existe pas. Si Bin, ne fouille pas au péril de sa vie une vieille maison engloutie et trouve la deuxième entité, on n’a pas la dualité d’opinion des extraterrestres. Si Tor ne fait pas, ce qu’elle fait de mieux, rassembler un e-ssaim et fouiller partout, l’acte terroriste qu’elle gène aurait été bien plus dévastateur. Si Mei Lin ne suit pas ce petit autie dans la rue, il n’y a pas de fille de Bin qui aide les terriens à envoyer des observateurs dans l’espace.

Je me rends compte que j’ai beaucoup, beaucoup de choses à dire, trop peut-être, mais ce livre est vraiment bouillonnant d’idées, de révélations, de philosophie. Est-on un monde guerrier ? Veut-on aller vers l’ouverture de nos cultures et leurs partages ? Peut-on accepter les gens différents ou les êtres non humains ? Doit-on imposer notre culture ailleurs ? Doit-on informer d’autres entités de la roublardise de celles que l’on a trouvées ? La vie éternelle est-elle réalisable et au delà du simple concept de faisabilité, enviable ?…

Ce foisonnement peut-être déstabilisant. Mais pour moi, il a été revigorant et éminemment fructueux.

Embarquement immédiat pour une existence hors norme mais pleine des valeurs humaines.

Roman publié aux éditions Bragelonne – Traduit de l’anglais (USA) par Claude Mamier

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