La légende raconte que les détenteurs d’une magie dangereuse et incontrôlable sont envoyés dans un lieu maudit, une forteresse perdue dans les montagnes : la Chartre des Forces Nées. C’est le destin qui attend Clour, un petit garçon dont le don fait peur à sa famille et son village. Mais lorsque les portes de la prison se referment derrière lui, sa terreur se mue en perplexité.
Clour découvre que la communauté de la Chartre n’a rien à voir avec le mythe terrifiant qui circule. Au contraire ! Le hasard le met sur la piste d’un mystère qui pourrait bien menacer les braves gens de l’Endehors. Jusqu’où va-t-il aller pour assouvir sa curiosité ?
Avis : Ce roman époustouflant se passe dans le même univers que la saga de fantasy humoristique Les énigmes de l’aube du même auteur. Nous sommes dans les contrées d’Afraisie, une contrée pas comme les autres puisque les gens peuvent avoir des dons magiques !
On a affaire à Clour, un jeune garçon qui a le don de fondeur (à ne pas confondre avec frondeur même s’il l’est aussi 😉) ; il peut donc réparer des choses. Lorsqu’il déclenche des événements dangereux car il ne maîtrise pas son don, il se met à dos son village et sa famille. Il ne doit son salut qu’à Crair, un frère trotteur de la Chartre des Forces Nées. C’est la prison à triste réputation où l’on enferme ceux qui ne maîtrisent pas leur don ou en font mauvais usage. Crair l’emmène donc sans ambage dans ce « lieu sans retour » qui terrorise tout le monde. Mais les apparences sont parfois trompeuses et Clour va peut être trouver dans ce lieu une famille à tout le moins tarabiscotée mais épanouissante à sa manière.
Le rebord du monde de Thomas C. Durand est politique, marrant et émouvant. Pas forcément dans cet ordre là d’ailleurs ^^ Tout comme avec Les énigmes de l’aube, le personnage principal, Clour, se pose, pose et repose des questions intelligentes et censées dans un monde qui ne l’est pas. C’est dérangeant (pour les personnes détenant un minimum d’autorité ou essayant de le faire croire) mais aussi hilarant pour nous lecteur.
Les personnages sont profonds et bien construits. Il y en a beaucoup trop mais ce n’est pas si grave. Je retiens 3 ou 4 en plus de Clour et Crair. Mastarhr, l’introuvable, qui va s’avérer être primordial. Orielle, un frère à l’apparente féminité. Marcache qui vient toujours essayer d’appuyer son pouvoir là où ça fait mal… et bien sûr, Meronir trop étrange avec sa capacité à rajeunir tous les 3 ans !
L’histoire du Rebord du monde s’étend sur une demi douzaine d’années et ne devient haletante que sur les 100 dernières pages. Mais alors, à ce moment là, c’est vraiment intense ! Le début est passionnant, lui, dans l’assise de ce monde pour le lecteur, et dans le rapport humain et les liens que l’auteur démontrent sans l’air de s’y atteler mais avec finesse et humour.
J’ai adoré ce livre qui allie tout ce que j’aime : magie, politique et humanité, humour qui fait réfléchir et des émotions belles et fortes. L’auteur parle de nombreux sujets : la démocratie et le vivre ensemble, les croyances, le genre, la confiance… j’ai découvert aussi que Thomas C. Durand est biologiste de formation, qu’il tient un blog scientifique et que certaines de ses vidéos sont très intéressantes. On le voit dans ses romans, la rigueur et le questionnement scientifique sont toujours sous-jacents. C’est pour moi un gros plus, et probablement ce qui rend ses romans, et celui-ci en particulier si puissant.
Le rebord du monde de Thomas C. Durand est un roman publié aux éditions Actus SF (Bad Wolf)