En 1972, Jesse Miller imagine le racisme systémique à l’échelle d’une smart city.
Avis : Connaissez-vous les smart city ? Vous savez, ces villes du futur (on n’y est pas encore tout à fait) basées sur l’internet des objets, où tout est connecté, du service de la voirie à la maîtrise de l’énergie. Eh bien, Jesse Miller jeune auteur Noir-Américain y pensait déjà en 1972 ! Et il se demandait, dans un pays comme le sien, où le racisme est endémique, comment ces villes dites intelligentes pourraient être utilisées… C’est comme toujours les éditions du Passager clandestin, dans leur excellente collection Dyschroniques, qui nous propose cette nouvelle aux thèmes très actuels qu’est Le soulèvement des pigeons.
Jesse Miller imagine ici un Harlem captif de ces technologies, où les mécabalais, camion-repas et autres ordinateurs veillent autant aux besoins essentiels de la population qu’à la brider, à la maintenir dans un système de ségrégation et d’oppression. Le récit suit un petit groupe d’hommes et femmes qui vont tenter de soulever leur cage et ainsi découvrir ce qui arrive à ceux qui osent sortir du rang.
L’auteur explore les implications sociales et politiques d’une smart city dans un contexte de racisme systémique, en en faisant des prisons à ciel ouvert. L’ambiance est assez étrange, on ne sait pas trop où Le soulèvement des pigeons va nous emmener, et je dois dire que la fin m’a laissée un brin perplexe. Pourtant, je l’ai trouvée en même temps percutante dans ce qu’elle dévoile de cette dystopie finalement pas si convenue qui interroge notre individualité, notre capacité à nous rebeller, ou au contraire à suivre et laisser faire.
Comme toujours, le titre se termine avec brio par une synchronique du texte des plus intéressantes !
Le soulèvement des pigeons de Jesse Miller est une nouvelle publiée aux éditions Le passer clandestin (Dyschroniques) – Traduit de l’anglais par Dominique Bellec
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