Partout sur la Terre, les hommes meurent dans leur sommeil ou se transforment en tueurs sanguinaires. Le monde tel que nous le connaissons prend fin, tout comme l’espoir qui animait jusque-là l’humanité. Cependant, une certaine forme de société persiste et s’adapte.
Bien des années plus tard, rares sont ceux qui se rappellent la vie d’avant. Mary, elle, n’a pas oublié. Hantée par les souvenirs de sa famille, de la joie qu’elle a jadis connue, elle n’a d’autre choix que de se conformer à son rôle d’aidante au sein d’un institut pour hommes.
Lorsque l’occasion se présente, elle doit toutefois prendre une décision difficile. Va-t-elle s’accrocher au seul vestige du passé qui lui reste ou tout risquer au nom de l’égalité ?
Avis : Nouveaux millénaires propose une très belle édition de Papillons de nuit, avec ce visage masqué par un papillon, mêlant couleur et angoisse. Quant à l’histoire de cette pandémie qui touche uniquement les hommes, soit en les tuant, soit en dévoilant toute leur bestialité, c’est un sans-faute sur tous les points : personnages empathiques et/ou qui jouent double-jeu, monde post apocalyptique criant de vérité, message puissant, rebondissements palpitants et surtout une fin qui n’anticipe rien et laisse s’ébaucher de multiples voies…
On y trouve donc deux personnages féminins particulièrement attachants : Mary, une octogénaire qui a vécu la bascule d’un monde patriarcal vers le monde actuel qu’est l’Union, anciennement connu comme le Royaume-Uni. Et Olivia, la soixantaine, infirmière dans le même centre pour hommes où Mary officie aussi, mais en temps qu’aidante. Il existe deux sortes de centres pour hommes : ceux pour les non infectés, donc nés après la refonte de l’État, où les 2 femmes travaillent, et ceux pour les infectés, traités sous hautes doses de calmants.
Olivia aussi a connu le basculement et l’horreur de la période où les hommes mourraient ou devenaient extrêmement violents… envers les femmes ! Par des flashbacks, rien ne nous est épargné (viol, chirurgien fou, scène du grand magasin…). Attention, c’est graphique et gore.
Le lien qui se crée entre ces 2 femmes qui ne peuvent pas parler ouvertement du passé – car qui comprendraient la vie avec des hommes quand il en reste si peu, et qu’ils sont de si petites choses fragiles – est beau et touchant. Ce lien est aussi très dangereux en ces temps où l’ ABEM (Association pour le Bien-Être Masculin) étend son pouvoir… L’ABEM qui semble plus se préoccuper du bien-être des femmes qui veulent connaitre les hommes bibliquement parlant, que de ceux qui reçoivent ces visiteuses…
Donc ce lien tenu mais réel apporte le point de basculement nécessaire pour que Mary décide de, peut-être, risquer son droit de visite à un homme qui a été infecté. Et c’est surtout la découverte de ce que cache Olivia qui va faire basculer l’intrigue. Le compte à rebours est enclenché….
Ce qui est essentiel dans Papillons de nuit, c’est son message. Le patriarcat c’est mal, mais le matriarcat c’est pas top non plus… Et les petites paroles de certaines femmes qui n’ont pas connu l’avant et sont brain-washées sont des pépites, tout comme les horreurs que balancent les hommes infectés… qui doivent sonner juste aux oreilles des femmes battues actuelles !!!
Quant à la fin du roman, elle ouvre la voie à la réflexion et laisse le lecteur envisager sa suite… Une « tuerie » donc ! 😉
Papillons de nuit de Jane Hennigan est un roman publié aux éditions J’ai lu (Nouveaux millénaires) – Traduit de l’anglais par Gilles Goullet