2045. Les États-Unis n’existent plus, une nouvelle guerre de Sécession en a redessiné les frontières.
Sur les côtes Est et Ouest, une république où la liberté de mœurs est totale mais où la surveillance est constante. Dans les États du Centre, une confédération où divorce, avortement et changement de sexe sont interdits et où les valeurs chrétiennes font loi. Les deux blocs se font face, chacun redoutant une infiltration de l’autre camp.
C’est justement la mission qui attend Samantha Stengel. Agent des services secrets de la République, cette professionnelle reconnue, réputée pour son sang-froid, s’apprête à affronter l’épreuve de sa vie : passer de l’autre côté de la frontière, dans un des États confédérés les plus rigoristes, sur les traces d’une cible aussi dangereuse qu’imprévisible. Dans ces États désormais Désunis, Samantha devra puiser au plus profond de ses forces pour échapper aux mouchards de son propre camp et se confronter aux attaques de l’ennemi.
Est-ce ainsi que nous vivrons ?
Avis : Mon premier Douglas Kennedy ! Et c’est ainsi que nous vivrons nous présente une uchronie dystopique autour de l’Amérique de demain, un pamphlet contre le conservatisme, l’hypocrisie et la violence de celle d’aujourd’hui.
2045, une nouvelle guerre de Sécession a coupé les États-Unis en deux, et les ruptures idéologiques ont redessinés le territoire. D’un côté la République Unie (RU), où liberté et tolérance règnent, à condition qu’on accepte de se soumettre à son régime sécuritaire en disant adieu à toute notion de vie privée ; de l’autre, la Confédération Unie (CU), un état rigoriste où les valeurs chrétiennes sont revenues au pouvoir, dirigé par les Douze Apôtres. Dans le camp de la RU, Samantha Stengel est une agente du Bureau, les services secrets en charge du maintien de l’ordre et de la sécurisation des frontières contre les menaces extérieures. Sa nouvelle mission ? Se rendre en zone neutre sous une fausse identité afin d’y traquer une agente ennemie, qui se révèle n’être rien de moins que sa demi-sœur cachée !
Le grand atout de Et c’est ainsi que nous vivrons, est cette prospective glaçante et tout à fait réaliste que Douglas Kennedy dessine. C’est une peinture vivante et étayée de faits avérés, et de faits probables, révélateurs des failles de plus en plus prégnantes d’une société américaine divisée. Dans la CU, divorce, avortement, homosexualité, et transgenres sont bien sûr proscrits et les contrevenants sont internés dans des camps, lorsqu’ils ne sont pas « purifiés » par le feu. C’est violent, noir et amer. En face la RU, ferait figure d’utopie tant les progrès sociaux y sont importants, si la contrepartie n’était pas une surveillance généralisée, jusqu’au puçage de la population pour contrôler aussi bien leurs discours que les taux d’alcool et de viande ingérés.
Le côté espionnage du roman est intéressant et bien mené, avec infiltration en territoire ennemi, plans, caches secrètes et agents doubles, mais avouons-le, j’ai vu arriver le twist majeur de l’intrigue à 4000 kms, et cela a donc manqué un peu de surprises pour moi. Toutefois, le personnage de Samantha se révèle touchant, partagée entre son allégeance à son camp, sa lucidité face à ses failles, sa solitude et son désir de connaître cette sœur qu’on lui a désignée comme une cible à abattre.
Tout a commencé avec Trump, et avec cette pandémie qui a duré presque 2 ans et a modifié la trajectoire du monde entier.
Et c’est ainsi que nous vivrons de Douglas Kennedy est un roman oublié aux éditions Belfond – Traduit de l’anglais (États-Unis) par Chloé Royer