Dans cette mégapole tentaculaire qu’est la City, certains n’hésitent pas à vendre à des sociétés privées la seule chose qui leur reste : leurs rêves. Mais quand un incident se produit au sein d’un entrepôt de dormeurs, les dirigeants veulent régler au plus vite l’affaire avant qu’elle ne s’ébruite. Natalio, flic de classe 5, la plus méprisée car chargée d’éliminer discrètement les dissidents, est leur meilleure option. Ce dernier accepte toujours les missions à la limite de la légalité, par appât du gain autant que par désoeuvrement. Fauché, Natalio a d’ailleurs dû remplacer son électroquant, un androïde qui le suit comme son ombre, par un modèle ancien, acheté au rabais chez un soldeur. Mais la machine a un on-ne-sait-quoi d’inquiétant, des défaillances et des anomalies sur lesquelles son propriétaire n’a pas le temps de s’arrêter. Pour le pire… ?
Avis : Les rêves qui nous restent nous projette dans un futur indéterminé. Natalio y est un flic de classe 5, ceux qu’on convoque pour s’occuper des déchets ou des missions douteuses, dont la légalité n’est pas exactement l’argument principal. Pourtant, cela n’a pas toujours été ainsi. Fut un temps où il était un homme reconnu par ses pairs, un homme heureux qui croyait au système. Jusqu’à l’accident. Désormais, il traine son spleen en acceptant toutes les missions qui peuvent lui rapporter un peu. Il a pour partenaire un électroquant, un androïde qui lui sert à la fois de boite noire et d’assistant.
Boris Quercia livre ici un récit cyberpunk qui mêle enquête à un univers SF maitrisé, mâtiné de dystopie. Il décrit en quelques mots précis un univers où il ne fait pas bon vivre, un paradis qui a tourné à l’enfer après une catastrophe, où une partie de l’humanité préfère offrir son corps à une exploitation éhontée en échange de pouvoir rêver une vie meilleure.
L’intrigue policière n’est finalement qu’un prétexte pour illustrer une société désabusée, meurtrie, qui ne croit plus en elle-même, et encore moins en ses représentants. Natalio, personnage principal et narrateur en est son parfait reflet. Seul, brisé, il s’attache à son électroquant, qui lui renvoie une image déformée de lui-même, et ignore volontairement ses anomalies. 2 êtres qui s’accrochent à la vie, presque désespérément, tout en doutant sans cesse de leur raison de le faire.
Amateurs de Blade runner, ce livre est pour vous !
Si la vie n’est plus possible, il restera toujours les rêves pour nous sauver.
Les rêves qui nous restent est un roman publié aux éditions Pocket – Traduit de l’espagnol (Chili) par isabel Siklodi et Gilles Marie