Eux / Kay Dick

Eux / Kay Dick

couverture du roman Eux de Kay Dick

Ça commence par la mort d’un chien, par des bruits de pas étouffés, par la confiscation de livres. Par le sac de la National Gallery, purgée de ses œuvres. Puis viennent les miradors, érigés pour surveiller les côtes, et des hommes armés, qui parcourent les campagnes en détruisant chaque œuvre d’art qu’ils dénichent… et ceux qui cherchent à les protéger. Ils capturent les dissidents – les écrivains, les peintres, les musiciens et même les célibataires et les couples sans enfants – lors de vastes rafles. Ils veulent soigner la société des personnalités subversives. Mais quelques survivants ont réussi à fonder en secret un havre de paix pour les réfugiés culturels, leur permettant de préserver leur art, de créer, d’aimer et de se souvenir. Du moins, jusqu’à ce qu’on les découvre, ou qu’on les dénonce.

Avis : Eux est un classique en Angleterre, mais il parait pour la première fois en France. Ce court roman (156 pages) publié en 1977 est une dystopie tout à fait dans l’air du temps. On y traite de libertés individuelles, de censure, d’ostracisme.

Eux est un roman atypique de par son format. C’est en 9 textes comme autant de tableaux, qu’il décrit un univers sombre et profondément réaliste. Celui d’une société qui renie peu à peu à ses membres tout ce qui sort de la « norme », à commencer par la culture. Toutes les libertés individuelles – dont celle de vivre seul -, sont peu à peu niées. C’est un travail de sape de longue haleine, méticuleux, insidieux. Qui ne dit jamais son nom mais qui peut se révéler dans des actions de violence, aussi soudaines que rapidement étouffées.

Je me souvenais de leurs débuts. Une blague, pour les journaux. Plus personne n’écrivait sur eux, désormais. Trop dangereux. On risquait toujours de les croiser. Une menace potentielle avec laquelle il fallait composer.

À chaque nouvelle, les personnages et la localisation changent. Mais tous, sont confrontés aux mêmes effets. Kay Dick insuffle à ses récits une ambiance étrange, parfois pesante, parfois feutrée, mais aussi étonnamment poétique. Ses protagonistes tentent une résistance passive, discrète, surtout ne pas se faire remarquer. Avec ces observateurs anonymes d’une dérive sectaire, Eux livre un récit percutant qui invite à la réflexion.

Roman publié aux éditions Le livre de poche – Traduit de l’anglais par Patrick Imbert

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