Ce qu’il nous reste / Erik J. Brown

Ce qu’il nous reste / Erik J. Brown

couverture du roman Ce qu'il nous reste de Erik J. Brown

Jamie vit reclus dans le chalet qu’il a un jour partagé avec sa mère. Depuis que la quasi totalité de l’humanité a été rasée de la surface du globe par un virus, il l’a bien compris : la solitude est sa seule chance de survie. Mais lorsque Andrew débarque sur son perron, blessé, misérable et visiblement suicidaire, une autre vérité fait surface : il est incapable d’appuyer sur la détente. Pourquoi lui fait-il si spontanément confiance ?
Lorsque le danger les force à prendre la route, Jamie se méfie avant tout des survivants désespérés (et des fusils). Mais petit à petit, sa suspicion change de camp. Les incohérences dans le récit du passé d’Andrew se multiplient. Jamie a-t-il bien fait de renoncer à son isolement ? Quel secret cache Andrew ? Doit-il se fier à son instinct ou à ses sentiments ?

Avis : Avec sa très belle couverture et sa 4eme de couv’ alléchante, ce roman post-apocalyptique ne m’a pas déçue !

Ce qu’il nous reste offre du suspense, des questionnements sociétaux (religion, orientation sexuelle, port d’armes, racisme, …) et je dois dire, une troisième voie, nouvelle pour moi dans les choix de vie en mode post-apo. Erik J. Brown sort ingénieusement du schéma vivre seul versus vivre en groupe.

Pour le suspense, on est gâté. Il y a déjà la découverte de ce monde post pandémie après qu’une fièvre a tué plus de 90% de l’humanité. Ensuite, on suit deux grands ado : Andrew qui, seul sur les routes, vient de tomber dans un piège à ours et Jamie qui a perdu sa mère et vit désormais seul dans leur chalet. Et cela même, amène du doute, des questions : pourquoi choisir d’être seul ? Et enfin, le passé (raconté en mode flashback ou bien en discussions entre eux), puis l’action suivant leur rencontre apportent un suspense dense et haletant. Andrew est-il vraiment seul, ou l’éclaireur d’un groupe ? Pourquoi Jamie se sent-il coupable ? Et c’est surtout leur chemin truffés d’embûches qui amène le plus grand suspense de tous.

Donc Ce qu’il nous reste est une sorte de road movie (piéton surtout) avec le petit plus de questionnement romantique/sexuel : Andrew est gay, Jamie ne s’est jamais vraiment posé la question de son orientation et a eu des petites copines. Et pourtant ?

Ce qui m’a vraiment plu, c’est finalement qu’on y apprend surtout à être soi. Et ce que sont l’empathie, la confiance et la débrouillardise malgré des conditions surhumaines. Des traits très humains que l’on regarde pourtant avec condescendance dans notre société d’abondance, de profits et de peur.

La vision post-apo d’Erik J. Brown n’est pas aussi « réelle » que dans Les somnambules (où il y a d’énormes violences et des passages très glauques) mais elle n’est ni édulcorée ni insipide pour autant. Des individus volent ceux qu’ils peuvent, des groupes imposent leurs lois (pas de gens de couleurs, pas de vieux…) et certains tuent. La violence est regardée en face, ainsi plusieurs chapitres montrent des tueries, des agressions mais sans trop d’hémoglobine.

Il y a donc tout un pan du roman sur l’humanité. Ce que ça veut dire d’être humain. Et ce que la religion, les croyances, le racisme, l’homophobie ou au contraire, l’ouverture d’esprit font de nous. Et il y a aussi des rencontres avec certains survivants qui sont poignantes.

Bref, un très bon roman post apo, pour un public plutôt jeune mais qui vaut le détour même pour les autres. Un auteur à suivre, car sa plume est vibrante.

Roman publié aux éditions ActuSF (Naos) – Traduit par Elric Rozet

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