Une petite ville, perdue en Pennsylvanie. La jeune Nessie quitte sa maison, mutique, absente, le regard vide. D’abord persuadée qu’il s’agit d’une crise de somnambulisme, sa grande sœur Shana la suit. Mais elles sont bientôt rejointes par une deuxième personne, puis une autre, et d’autres encore Toutes frappées des mêmes symptômes. Toutes se regroupant pour avancer vers une destination inconnue. Devant l’impossibilité de les stopper sans les condamner à mort, leurs proches leur emboîtent le pas, devenant leurs gardiens. Leurs bergers. Mais face à ce mal nouveau et mystérieux, les failles du pays se révèlent, la société se fissure, faisant le lit de tous les extrêmes…
Avis : Nessie, Shana et Charlie, leur père, vivaient tranquillement et un peu tristement dans leur ferme de Maker’s Bell en Pennsylvanie. Et ce, depuis que leur mère les avait abandonnés en plein supermarché. Alors Shana avait pris la place auprès de Nessie, non seulement de sa mère mais aussi un peu de son père, qui s’était emmêlé dans sa tristesse.
Aussi un beau matin, quand Nessie se retrouve dehors, en proie à ce qui ressemble à du somnambulisme, Shana la suit et décide de veiller sur elle… coûte que coûte ! Même lorsque d’autres « marcheurs » se joignent à elles.
Et pendant ce temps-là, Jerry, le fils du milliardaire Dirk Gardin, qui est propriétaire du parc d’attraction mondialement connu, se fait attaquer par des chauves-souris. Animaux qu’il a dérangés en faisant exploser leur caverne pour faire le buzz et annoncer l’ouverture de 4 autres parcs à thèmes dans le monde, semblable à l’américain.
Et on découvre aussi, Black Swan, une IA nouvelle génération qui se lance dans des calculs de prédictions qui envoient l’équipe d’humains (Sadie, notamment) qui l’ont créée vers la petite ville de… vous devinez ??? Maker’s Bell… tiens tiens !!!
Tout est palpitant dans ce roman fleuve de 1302 pages. Que ce soit de voir les liens qui se tissent entre les différents protagonistes ou les enchaînements de catastrophes, et surtout les décisions politicardes, comme dans le film Don’t look up.
Et Chuck Wendig, en a des choses à dire sur cette Amérique totalement dépassée par ses injustices et ses luttes de pouvoirs-rien-que-pour-le-pouvoir ! Il aligne salement les religions, les fous des armes, les anti-sciences, les ultra capitalistes, les m’as-tu-vu et bien sûr les scientifiques eux même, qui peinent parfois à reconnaître que les chiffres ne font pas la moralité d’une nation.
Et face à face, ou main dans la main dans tout ce chaos, il oppose des personnages incroyables : une star de rock homo dans son placard mais bien foutraque, un scientifique qui s’est déjà brûlé les ailes, un prêcheur perdu, des scientifiques engagés, une ancienne flic dont le cerveau est en bouillie après s’être faite tabasser, Jerry qui n’a pas les épaules de son père pour les affaires, Shana qui veut juste protéger sa sœur et reconstruire sa famille, un cul terreux pas si pauvre que ça, une présidente des États-Unis qui va devoir revoir sa copie, son opposant républicain qui ne recule devant rien… ça paraît fou mais tout ce tient, et même fait sens !
Alors mon dieu que c’est violent, mais aussi extrêmement émouvant ! C’est tellement prenant qu’on peut même aller jusqu’à addictif ! Et surtout, Les somnambules est un récit qui parle de notre époque, et du possible basculement que l’on va vivre, tant sur le plan humain qu’économique et écologique. Et jusqu’à la fin de cette œuvre grandiose, la noirceur s’infiltre dans le cerveau du lecteur…
Bref, je recommande plus que chaudement mais avec ce warning : à ne lire que si on a son curseur de bonne humeur rempli au taquet !!!
Les somnambules est un roman publié aux éditions Pocket – Traduit de l’anglais (États-Unis) par Paul Simon Bouffartigue
L’avis de Maks