Dans le désert des couleurs, chaque grain de sable est un souvenir perdu et oublié. Marcher dans les dunes, c’est voir sa mémoire s’effacer. Alors pour se protéger, l’humanité s’est réfugiée dans le cratère d’un volcan. Mais depuis quelque temps, le sable monte chaque jour le long de ses pentes, prêt à l’ensevelir.
Malgré les risques, Kabalraï, fils du marchand de sable, et Irae, sa demi-sœur, s’aventurent dans les dunes multicolores pour trouver un nouvel endroit où s’installer. Mais le désert est dangereux et une fois qu’on s’y engage, il est difficile de ne pas s’y perdre…
Avis : L’univers de Yardam était peut-être poisseux à souhait, mais l’écriture d’Aurélie Wellenstein y avait quelque chose de si envoutant, que j’avais une sérieuse envie d’y revenir. C’est Le désert des couleurs qui m’en a donné l’occasion, et je ne l’ai pas regretté !
C’est une nouvelle fois un univers très original que l’autrice nous offre, j’ai même envie de dire follement original ! Imaginez plutôt que vous soyez entouré de sable à perte de vue, vivant dans le cratère d’un volcan endormi, peut-être l’un des derniers bastions de l’humanité. Imaginez que le sable grignote peu à peu votre refuge. Imaginez que vous aventurer sur ces dunes aux couleurs chatoyantes signifie votre perte, que ces grains de sable si beaux soient les souvenirs des hommes et femmes qui vous ont précédé, que le désert a lentement mais sûrement capturés… Vous y êtes ?
C’est pourtant ce que vont tenter Kabalraï et sa demi-sœur Irae. Pour sauver leur peuple, ils vont se risquer dans le désert des couleurs dans l’espoir de trouver de l’aide. Leur seule chance de réussir, c’est que Kabal n’est pas un homme comme les autres. Engendré par l’union d’une femme et du Marchand de sable, il est immunisé face au pouvoir du désert, et a la capacité de ramasser la mémoire éparse d’Irae pour la lui restituer, et lui permettre ainsi de garder son intégrité, de ne pas se déliter. Mais ce don a un coût. Seuls, dans l’infinité du désert, ils vont devoir non seulement endurer une longue et éreintante marche et affronter le pouvoir du sable, mais surtout leurs propres démons… car Irae n’est pas une femme comme les autres pour Kabal, et ce tête-à-tête pourrait bien les détruire plus sûrement que la déshydratation ou l’épuisement.
Mais que voilà une histoire puissante ! J’avoue que j’ai deviné pratiquement tout de suite le secret d’Irae – parce que je suis une affreuse cynique ? peut-être – mais cela ne m’a pas du tout gênée pour apprécier le voyage. Le désert des couleurs est une très belle histoire d’amour fraternel, de sacrifice et de courage. C’est une quête pour l’espoir et la survie. C’est sur le cimetière de l’ancien monde que Kabal et Irae vont devoir faire leurs armes. Un monde marqué par son égoïsme, sa mesquinerie, sa cupidité. Sauront-ils dépasser le poids de leurs ancêtres ? Ou couleront-ils avec eux ?
Intense et envoutant.
Toute cette quête était un mirage, et Alnaïr une sirène qui chanterait bientôt au-dessus de leurs os. Le désert avait refermé ses machoirs sur eux.
Roman publié aux éditions Pocket
L’avis de Yuyine