La planète Nüying, située à vingt-quatre années-lumière du Système solaire, partage de nombreux traits avec la Terre d’il y a trois milliards d’années. On y trouve de l’eau à l’état liquide. Son activité volcanique est importante. Ses fonds marins sont parcourus de failles et comportent quantités de sources hydrothermales. Elle possède une magnétosphère et une atmosphère dense, protectrice. Tout cela en fait une bonne candidate pour héberger la vie. La sonde Mariner a transmis des enregistrements sonores de Nüying : des chants qui évoquent par analogie ceux des baleines. Quand elle était enfant, Brume a entendu cet appel. Désormais adulte, spécialisée dans le domaine de la bioacoustique marine, elle s’apprête à participer à la plus grande aventure dans laquelle se soit jamais lancée l’Humanité : rejoindre Nüying au terme d’un voyage spatial de vingt-sept années. Que va-t-elle découvrir là-bas ? Une civilisation extraterrestre ou une remise en cause totale de ses certitudes ?
Avis : Les chants de Nüying nous invite à suivre différents personnages dont Emilie Querbalec décrit avec talent les états d’âmes. Il y a Brume, William, Jonathan, Dana et tous les autres, qu’ils soient Terriens ou Sélènes, dans leurs préparations puis départ vers Nüying, cette planète glacée qui contient peut-être une vie intelligente. Des sons, qui semblent modulés ont en effet été captés dans l’eau de cette planète lointaine. Ce sont les fameux « chants ».
Brume est une scientifique spécialiste en bioacoustique marine et elle rêve d’aller sur cette planète, malgré les 27 ans de voyage qu’elle effectuera en stase. Jonathan est le milliardaire qui paie pour ce voyage. Il rêve lui de RNA : réincarnation numériquement assistée. Remettre la mémoire d’une personne dans un nouveau clone, jeune. William et Dana sont deux scientifiques qui vont aider à cette mission. Lui, terrien, noir et cybernéticien. Elle, pâle sélène et médecin. Ce ne sont pas les seuls. Mais ce sont les plus emblématiques.
Le fait d’avoir plusieurs points de vue est un énorme plus dans Les chants de Nüying. Cela permet de semer le doute et de nous faire entrevoir toutes les tensions qu’un voyage aussi long et des buts différents peuvent entraîner. Les visions Terriennes, les Sélènes. Mais aussi les bouddhistes, les athées et ceux de l’ordre de l’Éveil vrai, auquel appartient Jonathan. Et ce sont ces oppositions qui font les péripéties de ce roman.
La science fiction est reine dans ce roman (base sur la Lune, interface neuronale, vitesse à propulsion zhenti soit 69% de la vitesse de la lumière, stase cryogénique (qui fonctionne !!!), cargo monde, nanobot santé…). Elle sert aussi les nombreux rebondissements haletants de l’histoire, mais également un questionnement foisonnant sur l’écologie, la technologie qui s’invite (s’incruste ?) dans nos vies/corps, les religions, les « races »…
Comme avec, Quitter les monts d’automne, Émilie Querbalec réussit un roman poétique mais aussi fichtrement haletant et hautement intelligent.
Impatiente était un mot trop faible pour décrire la fascination mêlée de peur qu’elle ressentait quand elle songeait à ce qui les attendait, caché sous la surface de cette planète.
Les chants de Nüying est un roman publié aux éditions Albin Michel (Imaginaire)