Recueillie par sa grand-mère après la mort de ses parents, la jeune Kaori vit dans les monts d’Automne où elle se destine à être conteuse. Sur Tasai, comme partout dans les mondes du Flux, l’écriture est interdite. Seule la tradition du « Dit » fait vivre la mémoire de l’humanité. Mais le Dit se refuse à Kaori et la jeune fille se voit dirigée vers une carrière de danseuse. Lorsque sa grand-mère meurt, Kaori hérite d’un rouleau de calligraphie, objet tabou par excellence, dont la seule détention pourrait lui valoir une condamnation à mort. Pour percer les secrets de cet objet, mais aussi le mystère qui entoure la disparition de ses parents, elle devra quitter les monts d’Automne et rejoindre la capitale. Sa quête de vérité la mènera encore plus loin, très loin de chez elle.
Avis : Avec ce deuxième roman, Emilie Querbalec nous donne à lire une épopée, mi parcours initiatique, mi saga interplanétaire.
On y suit Kaori Shikiai, fille de Sesia et petite fille de Lasana. Toutes deux conteuses ayant connu le ravissement du Dit. Le Dit est une coutume qui dicte directement dans leurs têtes les contes ancestraux à ceux qui sont choisis. Le Dit ne se révélant pas à Kaori, elle n’a pas d’autres choix que de devenir danseuse au lieu de conteuse.
De décès en décès, (celui de sa grand-mère d’abord puis de son mentor, Risone Scumai) Kaori va se retrouver à Pavané, la capitale de la planète TASAI. Elle y cherche Maître Toishi, qu’elle avait connue petite et dont elle pense qu’il pourrait l’aider avec le manuscrit dont elle a hérité mais qui est un objet interdit par les Talankés, ces moines au service du Flux. Ce manuscrit semble être l’objet de toutes les convoitises. De la part du Flux qui souhaite le détruire, mais surtout de la part de Dame Aymelin, et dans un but que Kaori n’appréhende pas… Mais le rouleau d’écriture détenu en secret par Kaori, n’est pas le seul objet de convoitise. Kaori, elle-même, en tant que femme et danseuse, sera l’objet de pensées ou d’actes desquels dépendra beaucoup son chemin.
Notre jeune héroïne, doit alors faire un choix définitif, partir aux confins de son univers ou rester sur Tasai… Les choix de Kaori sont souvent faits en fonction de ses croyances ou des confiances qu’elle place dans différents interlocuteurs. Mais elle n’est qu’une petite campagnarde, et ses croyances vont être plus que bousculées tout au long de son parcours plein d’embûches, de revirements et de questionnements.
Quitter les monts d’Automne est très bien ficelé. Il y a des questionnements profonds, des rebondissements dignes des meilleurs thrillers et Kaori est attachante. Il y a même tout un tas de personnages secondaires bien brossés et intéressants. Notamment les Sylves que rencontrent Kaori. Ce sont des êtres ailés qui sont les gardiens de ce que nos scientifiques appelleraient des trous de ver je pense (soit des passages entre galaxies). Mais il y a aussi Vif qui est une interface entre vaisseaux spatiaux et Flux. Ce personnage ambigu est très intéressant car il est libre (comprendre pas aussi dépendant du Flux que d’autres interfaces) mais il reste dévoué à sa maîtresse, Dame Aymelin. Voici encore un des personnages qui font le sel de ce roman. Elle semble être tour à tour, espionne, amante, flibustière… elle vient en tout cas d’une autre planète que Tasai.
Le seul point d’achoppement pour moi, fût la fin de Quitter les monts d’Automne et le fait que les questionnements ne soient pas vraiment résolus. L’univers que développe Emilie Querbalec est riche, les personnages sont doués de facettes qui sonnent vraies et les évènements sont bien menés. Malgré cette fin, j’ai très envie de lire son premier livre.
Roman publié aux éditions Albin Michel (Imaginaire)