Parce que sa famille latinx a du mal à accepter son genre, Yadriel veut leur prouver à tous qu’il possède les pouvoirs d’invocation des hommes et non pas celui de guérir, comme les femmes.
« Le visage de l’esprit était tordu par une grimace, ses doigts noués dans le tissu de son haut. Il portait un blouson en cuir noir avec un capuchon sur un t-shirt blanc, des jeans délavés et une paire de Converse.
« Ce n’est pas Miguel », essaya de chuchoter Maritza, mais elle n’avait jamais vraiment eu une voix faite pour ça. Yadriel gémit et se passa la main sur le visage. Du bon côté des choses, il avait invoqué un esprit pour de vrai. Du mauvais côté des choses, il n’avait pas invoqué le bon. »
Avis : Voici du Young adult, qui sait se faire respecter et aimer même par des adultes plus si jeune 🙂 ! Très peu de mièvrerie, pas de raccourcis simpliste et pas non plus de violence gratuite.
Yadriel est transgenre et voudrait donc être reconnu comme un brujo par sa famille. Il est prêt à enfreindre les lois de son clan pour cela ; ce clan qui guérit (grâce aux brujas et au sang des animaux) et maintient l’équilibre entre le monde des morts et celui des vivants (grâce aux brujos, qui libèrent les âmes de l’ancrage qu’elles peuvent avoir sur terre). Leurs pouvoirs proviennent de leur Diosa de la muerte.
Son combat arrive à un moment de grand chamboulement. Il révèle non seulement une incapacité de son clan à évoluer pour inclure les personnes différentes, mais il met également en lumière l’inquiétude des siens face à la perte de puissance de la magie avec les générations nombreuses de brujx. Et cela, alors que le 31 octobre, ce jour où les âmes défuntes reviennent voir leurs familles, approche.
Lorsque son cousin Miguel disparaît mystérieusement, d’une façon que tout le monde ressent comme une mort violente même si rien n’est là pour le corroborer, sa cousine, Maritza, véganne (ce qui est en contradiction avec le sang utilisé dans leur rituel) offre à Yadrel le portaje dont il a besoin pour faire la cérémonie qui devrait prouver au monde des brujx que la Diosa le reconnaît comme homme et qu’eux aussi devrait le faire. Mais cela va se compliquer car ce n’est pas le fantôme de son cousin qui apparaît mais celui de Julian, un beau gosse de son lycée, que tout le monde pensait en fugue…
Imaginez l’univers de Coco de Disney mais avec des ados. L’imagerie de ce dessin animé semble servir de décors à Cemetery Boys et c’est un régal de couleurs, senteurs et musique. Et comme lui, le roman prône la tolérance. Aiden Thomas maitrise bien le sujet de la différence de genre. Les émotions de Yadriel, qui est ado et en même temps, trans, sont bien décrites et nous emportent dans le monde de la discrimination et de l’incompréhension de certains devant la différence. C’est prenant et cela montre bien l’injustice de faire porter à l’autre notre peur de l’inconnu. Le père de Yadriel et son clan, sont TOUT autant démunis devant le véganisme de Maritza que devant la perte de pouvoirs de leur magie ou le coté transgenre de Yadriel. L’évolution ne leur convient pas… Cemetery Boys est un roman initiatique a deux facettes : émancipation et suspense !
Et ce dernier est très bien mis en place. On ne sait pas comment cela se fait que Miguel disparaisse sans laisser de trace et pas non plus comment Julian arrive dans cette affaire ! Mais au fur et à mesure, la noirceur de l’évènement prend toute son ampleur. J’ai vu venir le twist du méchant mais le chemin pour y parvenir m’a beaucoup plu.
C’est donc un roman que je vais conseiller à tous les ados, et les moins ado 🙂 autant pour la magie, l’entraide dont font preuve les personnages, l’ouverture sur les différences que le suspense car les autres lecteurs verront-ils venir le twist ?!
Roman publié aux éditions ActuSF (Naos) – Traduit par Patrick Marcel
L’avis de Yodabor
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