La Princesse au visage de nuit / David Bry

La Princesse au visage de nuit / David Bry

couverture du roman La princesse au visage de nuit de David Bry

Vingt ans qu’Hugo n’a pas remis les pieds dans son village natal, coincé entre un bois sombre et une large rivière. Le décès soudain de ses parents l’y oblige pourtant, et le jeune homme constate que rien ou presque n’a changé. La sorcière hante toujours le cimetière, l’ogre s’est reclus dans sa maisonnée, et l’ombre derrière la fenêtre du château veille, fidèle à son poste. Vingt ans qu’Hugo tâche d’oublier son enfance meurtrie, les pleurs étouffés et la disparition de ses amis. Mais quand le vent chuchote des prénoms à l’oreille, que des jouets perdus refont surface, que des lucioles dansent au milieu du brouillard, peut-être est-il temps d’affronter les peurs enfantines et de retrouver le souvenir de cette nuit d’orage où la princesse au visage de nuit a déchiré le voile de la réalité.

Avis : Je ne sais pas pourquoi, j’aime beaucoup les histoires qui traitent d’une bande d’enfants courageux : l’iconique Ça évidemment, Je suis ta nuit, Stranger things, Super 8… Ça doit remonter à la première fois où j’ai vu Les Goonies et que je suis ressortie du cinéma des étoiles plein les yeux. Quoiqu’il en soit, force est de constater que chez moi ce genre fonctionne toujours, et David Bry, avec sa Princesse au visage de nuit m’a à nouveau totalement emportée dans ses filets.

Lorsqu’Hugo revient à Saint-Cyr suite au décès de ses parents, c’est à contre cœur et en trainant les pieds. Et il a de bonnes raisons pour cela, car il n’a laissé dans ce village que traumatisme et mauvais souvenirs. Il y a 20 ans, lui et ses 2 meilleurs amis, Sophie et Pierre, se sont enfoncés dans la forêt par une nuit d’orage, portés par un besoin plus fort que la peur, par une foi née du désespoir… Foi en la légende de la princesse au visage de nuit, qui écoute et exauce les enfants… Cette nuit-là, lui seul est ressorti de la forêt. Qu’est-il arrivé à ses amis ? Personne ne le sait, lui-même n’a plus aucun souvenir.

Très vite, les questions sur cette nuit fatale s’accompagnent d’une enquête bien plus actuelle : les freins de la voiture des parents d’Hugo ont été sabotés, et la mort accidentelle se transforme soudain en meurtre, avec au premier rang des suspects Hugo lui-même, qui avait de bonnes raisons de haïr ses parents. Entre fantastique et polar – vous imaginez bien que j’étais aux anges ! – et rythmé par le décompte des jours qui s’écoulent avant le solstice d’été, La princesse au visage de nuit est un terrible page turner. Il est très dur de le poser une fois en mains. Qui a tué les parents d’Hugo ? Qu’est-il arrivé aux enfants ? Est-ce la princesse qui les a pris ? Dans ce cas pourquoi a-t-elle laissé Hugo ? Est-ce une main bien plus humaine qui a voulu les faire taire à jamais ?

Les chapitres alternent entre aujourd’hui et les souvenirs qu’a Hugo de son enfance, instaurant une ambiance pesante et fascinante. L’empathie pour les enfants est forte et immédiate, nous amenant à ressentir de la colère face à la cruauté, l’indifférence ou l’aveuglement des adultes. La tension monte crescendo pour nous mener à la nuit du solstice où, on le sait tout va se cristalliser.

La princesse au visage de nuit est un conte tragique, un chant funèbre qui pleure les rêves brisés et l’enfance maltraitée, mais qui célèbre aussi la résilience et le courage de la vie.

Dans le bois vit
La princesse au visage de nuit,
Ses yeux sont des étoiles,
Ses cheveux l’obscur.
Dans les bois gît
La princesse au visage de nuit,
Dans sa main pâle,
Meurent les cœurs purs.

Roman publié aux éditions Pocket (Les étoiles de l’imaginaire)
Lire aussi l’avis de Yuyine

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