Roman atypique lycantrope, Meute suit les traces de Nathanaël, Val et Calame. Le premier est un loup-garou né de la violence et la solitude qui se débat au sein d’une meute qui ne lui convient pas. Le second est un humain à qui l’on a volé la voix. Quand le troisième entre dans leur vie bien malgré eux, des tensions s’installent et menacent de tout déchirer. Comment trouver son équilibre, dans un monde où les secondes chances n’existent pas ?
Avis : Venez découvrir le monde post apocalyptique (mais pas que !) de Karine Rennberg. Dans Meute, on est soit dans un gang (petit ou majeur comme les Dragons, les Lames…), soit des individus lambda qui font affaire avec les gangs ou sont recrutés de temps en temps. Les gangs sont comme la mafia : organisation de trafics en tous genres (combats, drogues, médocs…).
Là d’où on vient joue aussi beaucoup. Soit on est des Flaqueux (population riche vivant vers la Marina du lac) soit des Docks (plus pauvres et violents). Enfin, peu de gens savent que les loup-garous existent. Mais certains les recherchent, et vous vous en doutez, pas pour les caresser…
Nathanaël est devenu loup garou à la suite d’une morsure. Il appartient bien malgré lui a la meute de Marc, son Alpha. Mais il ne s’y sent pas vraiment bien car Viktor, le Bêta, et Lin, la numéro 3, ne veulent pas de lui car il ne se conforme pas aux lois de la meute (jeux et chasse, vie en semi communauté…). Val est l’équipier depuis tout jeune de Nath. Il appartient aux Lames mais ils se protègent mutuellement. Alors quand Loupiot arrive dans la meute de Marc, avec son incapacité à se défendre alors que tout dans ce monde demande à être fort et d’anticiper les problèmes, c’est un séisme. Loupiot est toujours recroquevillé à peindre, il ne souhaite pas manger ni se transformé et il est pris à parti par les autres.
C’est le percutage du monde coloré mais paumé de Loupiot avec celui de Nath, qui rend ce roman si passionnant, percutant et disons-le, hautement addictif. Il n’y a qu’un point noir : quelques erreurs de frappes ont échappé à la relecture. Livre objet puissant et couverture majestueuse, Meute est iconoclaste pour bien des raisons. Parlons style, histoire multicouche, et humour.
Le style tout d’abord. Karine Rennberg écrit chacun des trois personnages principaux (Nath, Val et Loupiot) en les faisant parler à la première personne. Donc, au début, il faut bien se souvenir du nom du chapitre pour savoir à qui l’on a affaire. Mais comme ils ont chacun leur façon de s’exprimer, on prend vite le coup.
Ensuite, parlons des différents sujets de ces univers. La violence d’une vie post apocalyptique paraît être inévitable dans tous les romans de ce genre. Mais ici, c’est quand même ultra présent. Combats à mort lors des arènes noires, violences pour survivre, syndromes post traumatiques… Ce n’est pas pour rien que l’autrice met une liste des passages qui peuvent heurter la sensibilité des lectrices et lecteurs.
Heureusement, il n’est pas question que de violence mais aussi de ses opposés, l’empathie et l’entraide. Marc essaie d’intégrer Nath à sa meute et surtout il lui a appris à se transformer avec moins de douleur. Mais d’autres personnes veillent. Lyvie qui est médecin, Mama Tess qui apprend aux muets à signer et à lire…
Bien sûr, il ne faut pas oublier « the » sujet, pour moi principal, de Meute. Le roman initiatique. Comment Nath, qui a du mal à contenir ses colères va-t-il pouvoir vivre en meute ? Comment s’en sortir alors qu’on souffre de stress post traumatique ? Comment comprendre et vivre les différents liens d’appartenance de nos vies (boulots, famille, amours, amis…) ? C’est d’une bien belle façon que Karine Rennberg y répond.
L’humour enfin. Chacun se chambre plus ou moins gentiment. Ça apporte un peu de légèreté dans ce monde de brutes et surtout avec les sujets traités.
Vous l’aurez compris, cette lecture m’a enthousiasmée ! Vive Meute ! Vive Karine Rennberg et son imaginaire !
Roman publié aux éditions ActuSF (Bad wolf)