Cinq tableaux, se déroulant tous un soir d’élection présidentielle. Vincent Farasse entrelace l’intime et le politique avec beaucoup de finesse et d’humour. Deux couples qui s’affrontent au sujet de leurs enfants, amoureux, fugueurs (1995) ; un homme et une femme décidés à profiter d’un week-end à deux à la campagne, qu’un voisin bien curieux vient bousculer (2002) ; une fratrie qui se réunit (et se déchire) autour d’un père tout juste décédé (2007) ; un homme qui cherche, au bord de la mer, à faire revivre un amour disparu (2012) ; une femme qui attend dans une chambre d’hôtel qu’un futur ministre la rejoigne (2017)… À travers chaque élection, et à chaque fois par le biais d’une histoire intime, fictionnelle, les auteurs nous offrent une photographie de l’époque, de son arrière-plan.
Avis : Les représentants raconte 5 jours d’élections pour 5 personnes (ou groupes de personnes) lors des 5 dernières élections présidentielles françaises, de 1995 à 2017. Il y a donc 5 “histoires » ou vécus différents. Un par élection. C’est la mise en image d’une pièce de théâtre de Vincent Farasse.
Avec une couverture sublime, et un format BD souple, Les représentants partait déjà avec un excellent a priori pour moi. Avec les élections comme sujet d’actualité et à la lecture, pleins d’autres sujets passionnants (l’âge de la majorité sexuelle, le consentement, le suicide, la confiance dans le couple, l’abus de pouvoir…), cette BD foisonnante aurait dû cocher toutes mes cases. Eh bien, pas toutes, non. Et voici pourquoi.
Tout d’abord, il y a les dessins. Celui de la première histoire, celle du vote du 7 mai 1995, m’a beaucoup plu. Mais il m’a fallu attendre la quatrième histoire, le vote du 6 mai 2012 pour, à nouveau bien l’aimer (plus gai malgré le sujet) et finir par détester le dernier, trop glauque même s’il colle super bien avec son thème. Alors que la couverture me plait énormément, j’ai donc été assez déçue par trois des cinq choix des dessinateurs.
Ensuite, il y a les sujets choisis pour parler des élections. Car c’est surtout de la toile de fond des différentes élections dont il est question, plus que du processus en lui-même ou même que des représentants. Ce qui est un peu surprenant vu le titre. Mais c’est très intéressant de se plonger (ou replonger pour les moins jeunes) dans les époques successives avec les pensées de l’époque. Et c’est finalement ce qui m‘a le plus plu :
– la baffe de la gauche avec l’arrivée de Le Pen au deuxième tour en 2002,
– l’abus de pouvoir de certains élus (devoir coucher pour avoir un meilleur logement…),
– la fin des années Mitterrand,
– le suicide, le consentement, la majorité sexuelle étaient déjà et sont toujours des sujets passionnants mais clivants…
Mais ces sujets sont traités de façon étonnante et très glauque. Ce qui m’a déconcertée car je ne m’attendais pas du tout à ça. Vous savez que le glauque ne me fait pas peur d’habitude, mais là, je ne devais pas être prête psychologiquement. Bref, Les représentants est une BD intéressante sur le fond qui pour moi, a péché par la forme.
BD publiée aux éditions Rivages (Rivages graphiques) – Avec les dessins de Sébastien Vassant, Alfred, David Prudhomme, Anne Simon