Cinabre / Nicolas Druart

Cinabre / Nicolas Druart

couverture du roman Cinabre de Nicolas Druart

Cinabre, c’est la couleur de l’hôtel le plus chic de Toulouse, étau de velours fréquenté par une clientèle fortunée. Un rouge minéral qui rappelle la couleur du sang. L’Hôtel Ferdinand fut le théâtre d’un quadruple homicide dans les années 1980. Son directeur, Eugène Ferdinand, y massacra sa famille avant d’être abattu par la police. Toute sa famille sauf Richard, petit dernier miraculé. C’est lui-même qui décidera trente ans plus tard de rouvrir l’établissement… Mais on n’efface pas à coups de travaux monumentaux une réputation sulfureuse. Les Rois de Pique sont six anciens camarades de promo qui ont fui l’hôpital pour se lancer en indépendants. Lorsque l’un d’eux disparaît après avoir soigné une cliente de l’Hôtel Ferdinand, personne ne semble s’en émouvoir. Seul Elliot Akerman, infirmier sensible et sans concession, va partir à sa recherche. Pendant ce temps, Toulouse vit sous la terreur d’un tueur qui attaque ses victimes au sabre. Est-il isolé ? Et qui doit se sentir menacé ? Pour le capitaine Aubert et son équipe, c’est le début d’un combat sans fin contre une hydre voilée par des nappes de sang.

Avis : Bienvenue à Toulouse, avec ses jolies briques roses et son célèbre canal. Sur votre gauche, le cabinet d’infirmiers indépendants, les Rois de Pique, où Elliot, un de nos personnages travaille. À droite, le SRPJ où officie l’équipe n°2 sous les ordres du Capitaine Antoine Aubert ; ils seront au cœur de l’action. Au centre, vous pouvez admirer le très chic Hôtel Ferdinand, sa construction tentaculaire en forme de F, ses murs à la couleur rouge « cinabre » si particulière. Dans certains cercles, il est aussi célèbre que le canal de la ville : il y a 40 ans, des meurtres y ont-été commis, aujourd’hui on dit qu’il rend fou ceux qui osent s’y aventurer…

Elliot est un petit infirmier timide et sensible, qui aspire à devenir écrivain. Il en est à son 4e roman policier lorsque son collègue Manu disparaît après avoir fait une consultation dans l’hôtel. Fasciné par la réputation sulfureuse de ce dernier et par les énigmes qu’il recèle, lorsqu’on fait appel à lui pour y remplacer Manu, il s’empresse de s’y engouffrer. Il n’imagine pas une seconde qu’il n’est qu’un maillon d’un terrible engrenage.

Dès le début, j’ai eu beaucoup de mal avec Elliot. Je ne le comprenais pas et plus j’avançais dans Cinabre, plus ce sentiment de distance se confirmait. J’avoue, je me suis même demandé s’il était naïf ou juste débile. Oui, je sais, c’est beaucoup plus facile d’avoir du recul sur une situation lorsqu’on la regarde de l’extérieur. Mais sérieusement les gars, si un jour un type que vous ne connaissez ni d’Eve ni d’Adam vient vous taper sur l’épaule en vous disant qu’il va vous offrir monts et merveilles « parce que vous le méritez »… Partez en courant. De l’autre côté.

Je préférais donc les chapitres qui se déroulaient du point de vue du SRPJ. Il faut dire qu’Aubert et son équipe ont fort à faire : un homme se promène dans les rues de Toulouse armé d’un katana pour découper les personnes qu’il croise. Un seul point commun relie les victimes : ils avaient tous leur portable à la main. Je vous assure que lorsque vous prenez le train tous les jours, et que vous voyez autour de vous la moitié du wagon penché sur son téléphone, que vous avez-vous-même tendance à le sortir pour passer le temps, c’est perturbant.

Évidemment, l’Hôtel Ferdinand est cœur de l’intrigue. On le sait, pourtant Nicolas Druart parvient très bien à envelopper son histoire de mystères et de questions qui nous tirent en avant ; le style de cette partie m’a d’ailleurs beaucoup rappelé celui de Sebastian Fitzek. Même si on se doute de certaines choses, il est parfois nécessaire que les mots soient dits. Et je me dois de prévenir les âmes sensibles : certains passages sont assez glauques. Non seulement c’est malsain, mais je ne comprends pas qu’ils ne soient pas noyés dans leur propre hypocrisie.

L’Hôtel Ferdinand n’a jamais rendu fous les clients qui y entrent ou qui en sortent. Il rend fous ceux qui ne peuvent plus y revenir.

Roman publié aux éditions HaperCollins (Noir)

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