« Je voudrais peindre la nature », déclare la jeune dessinatrice française débarquant au Japon. Sur son chemin, un peintre japonais, lui, cherche à « peindre une femme ». Quelle nature ? Celle qui apaise ou celle qui submerge ? Et quelle femme ? Nami, qui tient l’auberge thermale où les deux artistes vont séjourner ? Nami n’est pas un modèle facile. Mystérieusement liée aux éléments naturels, elle sait lire l’arrivée des typhons dans les plis de la mer. C’est en tout cas ce que prétend le tanuki effronté, animal mythologique nippon incontournable, qui surgit au gré des déambulations des deux voyageurs…
Avis : Catherine Meurisse est incroyable. Cette nouvelle bande dessinée a réussi l’exploit de me surprendre. Alors que je l’admirais déjà énormément depuis La légèreté qui m’avait émue aux larmes. Alors qu’elle m’avait fait rire (et réfléchir !) avec Scènes de la vie hormonale. Et qu’elle m’avait cueilli devant le bonheur que sont Les grands espaces, qui ne font pas que nous rendre nostalgique, qui nous poussent à agir et penser.
Elle dessine avec La jeune femme et la mer un album grandiose, beau et serein. Les magnifiques cases en aquarelle avec son portrait croquignolesque et comme gondolé, font montre d’une technicité et d’un recul sur son art magistral.
Catherine Meurisse signe aussi avec La jeune femme et la mer, une bande dessinée drôle. Elle mêle à son questionnement d’artiste et de citoyenne, un vieil artiste qui se fait des bosses, des toilettes japonaises qui déclenchent une alerte tsunami, les poils et roubignolles d’un tanuki. C’est souvent déroutant, parfois exaltant mais surtout hilarant.
Le propos de cet album est l’ouverture : à une autre culture, à d’autres techniques, à d’autres temporalités, à d’autres genres. Et Catherine Meurisse rivalise avec elle-même pour nous proposer son voyage intérieur si intimement et joliment présenté dans cet ouvrage chatoyant, coloré et drôle et en même temps chaotique, nostalgique et terriblement émouvant.
À lire et relire, pour d’autres lectures, d’autres émotions et pour découvrir d’autres détails dans chaque case. Et pour continuer d’approfondir sa propre ouverture d’esprit.
Merci Zina et bonne année pleine d’ouverture à tous!
BD publiée aux éditions Dargaud