Les grands espaces / Catherine Meurisse

Les grands espaces / Catherine Meurisse

couverture de la bd les grands espaces de Catherine Meurisse

Catherine Meurisse a grandi à la campagne, entourée de pierres, d’arbres, et avec un chantier sous les yeux : celui de la ferme que ses parents rénovent, afin d’y habiter en famille. Une grande et vieille maison qui se transforme, des arbres à planter, un jardin à imaginer, la nature à observer : ainsi naît le goût de la création et germent les prémices d’un futur métier : dessinatrice. Avec humour et tendresse, l’auteure raconte le paradis de l’enfance, que la nature, l’art et la littérature, ses alliés de toujours, peuvent aider à conserver autant qu’à dépasser. Les Grands Espaces raconte le lieu d’une enfance et l’imaginaire qui s’y déploie, en toute liberté.

Avis : Non seulement l’objet BD est beau à tomber par terre… et à ne plus se relever, mais l’histoire est majestueuse (et pas seulement parce qu’on y voit (une certaine idée du) château de Versailles. Dans ces Grands espaces, Catherine Meurisse redonne la parole à ceux que l’on n’écoute pas souvent : les enfants, les amoureux de la nature et les gens qui vont à contre-courant.

Comme La légèreté, il s’agit d’une œuvre autobiographique. Mais ici, l’autrice raconte son enfance à la campagne dans « un village de deux cents habitants et rien d’autre. » Sa famille, composé de son père, de sa mère, de sa soeur et d’elle-même, se retrouve donc dans une ferme délabrée, que ses parents retapent. Il y a de l’espace et un grand jardin à créer. Ils sont déjà hors normes pour l’époque. Des intellos à la campagne, mais qui veulent la protéger. Et qui savent s’occuper des plantes et faire des murs de pierres.

J’ai trouvé que cette vidéo rendait compte de comment et pourquoi Catherine Meurisse a voulu changer de technique de dessin. Et de oh combien elle y est parvenue. C’est intéressant pour comprendre son parcours depuis l’horreur de 2015. Elle parvient quand même à faire une planche où elle parle sexe, mais cela reste très mignon et bourré d’humour. Beaucoup plus maitrisé et à mettre entre toutes les mains que Scènes de la vie hormonale.

Cette BD est donc bouleversante pour plusieurs raisons, à commencer par les émotions de l’enfance que Catherine Meurisse traduit avec justesse et humour.
Le rapport à la nature de cette famille est puissant et romanesque car les petites filles lisent beaucoup et retranscrivent en actes (elles font un musée comme Pierre Loti ; Catherine crée un jardin comme ce qu’elle a vu au Louvre, …) ce qu’elles comprennent sur la nature qu’elles ont autour d’elles.
Et enfin, Les grands espaces remet en cause tous les choix ministériels fait pour la nature et l’agriculture depuis des décennies : remembrements, brevetabilité du vivant, Monsanto… et c’est bouleversant de drôlerie mais j’ai ri jaune…

Il y a aussi une réflexion sur le fait d’apporter l’art dans les campagnes, sur les politiques qui essaient d’influer sur le temps de cerveaux contemporain en changeant le passé (le Puy du Fou) ou ceux qui veulent la modernité à tous prix (le futuroscope), entre autres.

La poésie affleure dans cette bande dessinée, autant par les beaux dessins que les visions et les textes qui y sont magnifiés. Et si après tous mes arguments, il vous reste un doute, j’espère vous donner l’envie de lire Les grands espaces avec son entrée en matière :

Un songe d’âge d’or, un mirage d’innocence champêtre, artiste ou poétique, m’a prise en enfance et m’a suivie dans l’âge mûr.Georges Sand

BD publiée aux éditions Dargaud

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