Les métamorphoses, Tome 1
Vita nostra brevis est, brevi finietur… « Notre vie est brève, elle finira bientôt… »
C’est dans le bourg paumé de Torpa que Sacha entonnera l’hymne des étudiants, à l’« Institut des technologies spéciales ». Pour y apprendre quoi ? Allez savoir. Dans quel but et en vue de quelle carrière ? Mystère encore. Il faut dire que son inscription ne relève pas exactement d’un choix : on la lui a imposée… Comment s’étonner dès lors de l’apparente absurdité de l’enseignement, de l’arbitraire despotisme des professeurs et de l’inquiétante bizarrerie des étudiants ?
Avis : Mais quel roman singulier ! Vita nostra est un véritable OLNI qui en déroutera plus d’un ! Oubliez Harry Potter et Poudlard, ces références ne pourraient que vous donner une idée totalement erronée de l’Institut des technologies spéciales. Ici la magie est sombre et mouvante, elle prend autant qu’elle donne. Elle est mystérieuse et puissante, et doit se mériter par un dur et inflexible labeur.
Et c’est l’amère découverte que va faire Sacha Samokhina. Jeune adolescente, elle va être recrutée pour intégrer ce mystérieux institut alors qu’elle passe des vacances à la mer avec sa mère. Un homme étrange, qui la terrifie aussitôt, l’aborde pour lui imposer des missions plus étranges encore. Des missions qui sont récompensées de pièces d’or qu’elle expulse de sa gorge une fois qu’elle les a menées à bien…
J’ai eu un peu de mal à rentrer dans Vita Nostra. Le rythme est lent et on ne sait pas vraiment où les auteurs nous emmènent. Et pourtant, petit à petit, je me suis laissée capter par cette expérience hors des canons standards, ce chemin que doit suivre Sacha. Il règne une atmosphère éthérée sur cet apprentissage. Sur cette métamorphose, qu’elle et ses camarades doivent vivre. Entre vie scolaire lambda – internat, collocation pas toujours évidente, fêtes, premières amours… – et cours magistraux à la fois complexes et abscons où on les prépare à se déconstruire pour mieux se reconstruire… autre.
Vita nostra est un roman d’apprentissage hors-norme, le roman de la vie aussi. La vie réelle, telle qu’elle est, et non, fantasmée. Dure et cruelle, qui n’épargne personne, avec sa peur et ses injustices, mais qui peut également offrir beaucoup, la connaissance, l’amour et la passion. Le chant traditionnel des étudiants russes s’en fait d’ailleurs le reflet, l’avertissement violent et sans concession :
Après une jeunesse agréable, après une vieillesse pénible, la terre nous recevra. […] Notre vie est brève, elle finira bientôt.
Malgré tout, je n’ai pas aimé la fin, beaucoup trop nébuleuse et métaphysique pour moi.
Roman publié aux éditions L’Atalante (La dentelle du cygne) – Traduit du russe par Denis E. Savine
Grand Prix de l’Imaginaire 2020, prix Imaginales 2020, prix Planète Sf
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