Ils sont là parmi nous, jamais où tu regardes, à circuler dans les angles morts de la vision humaine. On les appelle les furtifs. Des fantômes ? Plutôt l’exact inverse : des êtres de chair et de sons, à la vitalité hors norme, qui métabolisent dans leur trajet aussi bien pierre, déchet, animal ou plante pour alimenter leurs métamorphoses incessantes.
Lorca Varèse, sociologue pour communes autogérées, et sa femme Sahar, proferrante dans la rue pour les enfants que l’éducation nationale, en faillite, a abandonnés, ont vu leur couple brisé par la disparition de leur fille unique de quatre ans, Tishka – volatilisée un matin, inexplicablement. Sahar ne parvient pas à faire son deuil alors que Lorca, convaincu que sa fille est partie avec les furtifs, intègre une unité clandestine de l’armée chargée de chasser ces animaux extraordinaires. Là, il va découvrir que ceux-ci naissent d’une mélodie fondamentale, le frisson, et ne peuvent être vus sans être aussitôt pétrifiés. Peu à peu il apprendra à apprivoiser leur puissance de vie et, ainsi, à la faire sienne.
Avis : Mais où va-t-il chercher tout ça ??!!!! Alain Damasio m’avait déjà scotchée avec sa Horde du contrevent, il m’a émerveillée avec Les furtifs.
Ce livre est un conte urbain, mi science-fiction mi fantastique, qui se passe dans un futur proche (2040). Les entreprises achètent les villes et vendent leurs forfaits aux habitants pour vivre, bouger, travailler. Orange a ainsi acheté la ville d’Orange, LVMH a acheté Paris, etc.
C’est donc au milieu de cette jungle de publicités qui vous ciblent (imaginer des cookies qui s’ouvrent dans votre tel, vos lunettes, votre cloud), de personnes qui doivent vous convaincre d’upgrader ceci ou cela et de faire attention à ne pas aller dans les zones interdites à votre forfait, que nos personnages évoluent.
Tout est à vendre, sauf quelques rares îlots entre les berges des fleuves, et le combat pour la reconquête de certains endroits se fait via des ZAD. Au milieu de ce carcan, vivent les Furtifs. Difficiles de les décrire car on ne peut les voir que morts, lorsqu’ils se vitrifient devant vos yeux. Des ondes, des êtres mi-ondes mi-sons. Des mutants ? Et bien sûr, qui des militaires, des compagnies multinationales ou du peuple va essayer de tirer parti de ses « bêbêtes » ?
Avec ce nouveau roman ébouriffant et vibrant, Alain Damasio m’a bouleversée. Prise de conscience de notre monde sans âme, philosophie, autres visions de la vie, de l’éducation. Et surtout épopée épique et incroyable entre dernières avancées technologiques et utopies zadistes, chimères (qui pour ma part, je l’espère, existent vraiment !!!!) et besoin de reconquête de notre environnement.
C’est une ode magnifique à la vie sous toutes ses formes, mais surtout dans le respect, la tête pleine de musique et les yeux remplis de figures de parkour.
À lire absolument de 17 à 107 ans !!!
Roman publié aux éditions La volte