Déterminée à sauver sa famille du naufrage financier, Miryem reprend avec succès l’activité de prêteur de son père, mais elle attire rapidement l’attention du roi des Staryk, une créature effroyable qui exige d’elle l’impossible. Wanda, fille de ferme miséreuse aux prises avec un père violent et alcoolique, lutte pour sa survie et celle de ses deux frères. Et quoiqu’elle vive dans les ors du château, Irina connaît un sort à peine plus enviable : son père, le duc, entend la marier sous peu à un homme connu pour son extrême cruauté. Trois femmes, trois destins mêlés dans le blizzard surnaturel d’un hiver qui menace de geler toute vie sur son passage.
Avis : Il y a quelques années j’avais eu un coup de cœur pour Déracinée. J’avais donc très envie de découvrir La fileuse d’argent, en espérant que ce nouveau conte me plairait autant.
Naomi Novik s’intéresse ici à 3 destins de femme : Miryem, fille d’un prêteur trop généreux pour exercer son métier, au dépens de sa propre famille ; Wanda, fille d’un fermier alcoolique et violent ; et Irina, fille du Duc local qui entend bien la marier richement. Lorsque Miryem reprend avec un succès grandissant la charge de son père, elle attire l’attention des Staryk, peuple de l’hiver qui vit dans un monde parallèle au sien, et va ainsi lier leurs destinées.
La fileuse d’argent est une réécriture du conte allemand Rumpelstiltskin, popularisé par les frères Grimm. Ce qui est étonnant c’est que l’ambiance du roman est plutôt russe, froide et enneigée, et c’est une des réussites de l’autrice. On ressent le froid hivernal à la lecture, les paysages sont féériques et la magie a par moment l’air de pulser des pages. C’est très poétique et on a vraiment l’impression d’être plongé dans un conte de fée ancestral.
Le récit est narré principalement du point de vue des 3 jeunes filles, mais d’autres personnages font quelques incursions. J’ai trouvé qu’ils n’apportaient pas grand-chose toutefois. Le fil de Miryem reste le principal car d’une certaine manière, c’est par elle que tout arrive. C’est un personnage intéressant, pour qui j’ai éprouvé de l’empathie, mais auquel j’ai eu du mal à m’attacher. Elle s’est endurcie, suite au traitement révoltant qu’elle et sa famille ont subi. Et si on la comprend, et que j’étais contente qu’elle ne se laisse pas faire, je l’ai parfois trouvée trop froide, et manquant de générosité spontanée. J’ai en outre été gênée que l’autrice fasse de son héroïne une juive et qu’elle y accole tous les clichés habituels, richesse et pingrerie, même si elle en profite pour parler de la persécution que subi son peuple. Wanda est sympathique, mais un peu effacée, et je n’ai pas vraiment apprécié Irina que j’ai trouvé pour le coup, vraiment trop froide. Au final, les personnages que j’ai préférés sont les Staryk !
Mais cela ne m’a pas empêchée d’être totalement prise dans le récit. L’histoire est vraiment intrigante, et je voulais savoir comment Naomi Novik allait la conclure, comment les choses allaient évoluer et se télescoper. Et c’est là que le bât blesse, car je n’ai pas aimé le dernier pan de l’histoire. Le comportement d’un des personnages m’a beaucoup choquée, ça a heurté mon sens du bien et du mal. J’ai en plus trouvé que l’histoire prenait soudain des raccourcis peu crédibles (et j’avais déjà trouvé bizarre que lors de son marché avec le Staryk, Miryem ne pose jamais les questions importantes qui auraient résolu bien des choses).
Vous avez donc compris que La fileuse d’argent n’a pas été le coup de cœur de Déracinée, même si je l’ai beaucoup aimé… jusqu’au ¾ du livre ! Je suis curieuse de connaître votre avis sur cette fin si vous l’avez lu !
Roman publié aux éditions J’ai lu (Fantasy) – Traduit de l’anglais par Thibaud Eliroff
Prix Locus 2019, prix Mythopoeic 2019
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