Citoyens Clandestins / DOA

Citoyens Clandestins / DOA

couverture du roman citoyens clandestins de doa

À circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles.
Une véritable petite saloperie chimique se balade dans la nature et il ne s’agit plus seulement de sauver des vies humaines. L’État français, ou certains de ses représentants, est prêt à tout pour éviter ce qui pourrait être une hécatombe et un formidable scandale. La journaliste Amel Balhimer ou l’apprenti jihadiste Karim ne le savent pas encore mais leurs destins sont liés et pourraient devenir matière à gros titres du 20 heures. Ailleurs, un homme braque la lunette de son fusil high-tech sur la fenêtre d’une ferme. Démarre alors un effrayant compte à rebours…

Avis : Cela fait longtemps que j’ai ce livre dans ma PAL et surtout que je veux lire DOA (Death on arrival). Savoir que je ne serais probablement pas déçue, car je l’avais choisi attentivement, ne m’a pas empêchée d’être scotchée par ces Citoyens clandestins.

Cette histoire d’espionnage post 11 septembre et, disons le tout de suite, cette couverture avec un masque à gaz par ces temps troublés 🤔, ça s’annonçait top ! Et même si je regrette, encore une fois, le déluge de personnages dès le prologue (avec bien sûr des noms de codes, espionnage oblige), cela fut un bien faible désagrément par rapport au plaisir et à l’angoisse de plonger dans l’envers du décor de la diplomatie française. Là encore, il faut un peu de temps pour se faire aux sigles des différents services d’espionnage et de renseignements français. Si DOA donne un glossaire des personnages et des organigrammes en fin de son livre, ce n’est vraiment pas pour rien !

Passés ces petits inconvénients, je me suis vraiment beaucoup plu dans ce compte à rebours (il est bien question de bombe et de produits chimiques), cette course aux renseignements et ce jeu de semi-vérité où le quatrième pouvoir, les journalistes, est une puissance dont les politiques, les populations et les services de renseignements doivent (parfois ?) tenir compte… Cet auteur imprime un rythme fou et prenant, autant avec la playlist qu’écoute Lynx (un des agents) mais également dans les cachoteries qu’Amel, la journaliste, fait à son mari ou encore dans la schizophrénie qui semble guetter Karim, un agent infiltré chez les “barbus ».

En effet, nous sommes plongés dans une multitude d’histoires qui vont (mais la question est comment ?) se recouper ensuite :
– Des scoops de journalistes qui grâce à des taupes dans différents services (militaires, policiers…) veulent rendre publique des manquements à la sécurité nationale ;
– Des terroristes djihadistes qui veulent marquer les esprits des mécréants français et continuer de punir les Américains ;
– Des agents qui font leur boulot sur le sol français ou extérieur en se posant plus ou moins de questions ;
– Des chefs de services qui tirent la couverture à eux et qui essaient de couler les autres services ;
– Des citoyens qui veulent connaitre la vérité ou la divulguer… ou bien au contraire vivre sans faire de vague…

Autant vous dire, et comme dans beaucoup de livres d’espionnage (Unité 8200, livres de John le Carré) : les différents protagonistes en sortent rarement grandis… Le rythme et l’histoire sont bien comme dans un roman policier ou un thriller, palpitants et violents à souhait. Mais la vraie valeur de ces Citoyens clandestins, c’est la critique sous-jacente de ce système. Où des agents risquent leur vie, pour parfois couvrir l’erreur de nos/leurs dirigeants et non pour sauver des vies… Où les journalistes ne font pas toujours ce qui relève de la déontologie et en même temps se retrouvent parfois sous couvert de la loi pour avoir tenté de divulguer des infos qui porteraient atteinte à certains “trop haut placés”… Au risque de museler la fameuse liberté d’expression. Où des policiers ne feront pas de recherches sur les SDF morts ou les musulmans de certains quartier parce qu’ils s’en foutent ou n’ont pas les moyens pour. Où des informateurs meurent sans qu’on recherche pourquoi… Où des populations entières vivent sous le joug de quelques radicaux…

Bref, Citoyens clandestins montre la part d’ombre de nos sociétés d’une façon éclairante, écœurante et plus que percutante. C’est diablement bon.

Roman publié aux éditions Folio (Policier)

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