Défaillances systèmes / Martha Wells

Défaillances systèmes / Martha Wells

couverture du roman defaillances systemes de martha wells

Journal d’un AssaSynth, Tome 1

« J’aurais pu faire un carnage dès l’instant où j’ai piraté mon module superviseur ; en tout cas, si je n’avais pas découvert un accès au bouquet de chaînes de divertissement relayées par les satellites de la compagnie. 35 000 heures plus tard, aucun meurtre à signaler, mais, à vue de nez, un peu moins de 35 000 heures de films, de séries, de lectures, de jeux et de musique consommés. Comme impitoyable machine à tuer, on peut difficilement faire pire. »
Et quand notre androïde de sécurité met au jour un complot visant à éliminer les clients qu’il est censé protéger, il ne recule ni devant le sabotage ni devant l’assassinat ; il s’interpose même face au danger, quitte à y laisser des morceaux.

Avis : Cela faisait un moment que je lorgnais du côté de cette série de novellas, dont le 1er tome a raflé les prix les plus prestigieux du genre : Hugo, Locus et Nebula. Et je dois dire que je ne suis pas du tout déçue ! Je me suis régalée avec Défaillances systèmes, et j’ai adoré rencontrer AssaSynth.

Car là se situe l’atout charme de ce court roman, irrésistible et diablement efficace. AssaSynth est un SecUnit, un androïde non genré composé à la fois de parties biologiques et cybernétiques, et relié au réseau. Iel (c’est pour vous habituer au roman 😉 ) est chargé de la protection des humains qui lui sont assignés par son employeur, une grosse corporation aux dents longues. AssaSynth est supposé n’avoir aucun libre arbitre, mais après un bug dans la matrice suivi d’un petit massacre, il a décidé qu’il en avait assez et a piraté son propre module superviseur.

Son job actuel consiste à accompagner une mission d’exploration planétaire et à « encourager poliment [ses membres] à ne pas s’entretuer ». Mais, déprimé de la vie, iel n’aspire qu’à passer son temps devant des séries et autres programmes de divertissements. Désinvolte, cynique, AssaSynth manie le sarcasme et l’ironie plus souvent qu’à son tour, apportant un humour bienvenu au récit. Mais c’est aussi un être profondément attachant, de par sa sensibilité, son humanité, son malaise et sa pudeur face aux hommes et à ses propres sentiments.

L’intrigue en elle-même est très classique – car bien sûr, la mission va mal tourner. Mais, en 122 pages, Martha Wells parvient à brosser un monde futuriste, un personnage saisissant, une aventure rythmée et à amorcer des questionnements (le libre arbitre, l’acceptation de soi et des autres) avec finesse et justesse.

On s’amuse et on réfléchit avec Défaillances systèmes, et on en redemande ! Cela tombe bien, il reste encore 3 tomes !

Je ne sais pas m’y prendre avec les humains, d’accord ? Ça n’a rien à voir avec mon module superviseur piraté (je ne suis pas paranoïaque), ni même avec eux ; c’est moi. Je suis un effroyable AssaSynth, on le sait tous, et ça rend tout le monde nerveux, ce qui me stresse encore plus. D’autant que, si je ne porte pas mon armure, c’est parce que je suis mal en point ; imaginez qu’un de mes composants biologiques se détache et s’éclate par terre. Personne n’a envie de voir ça.

Roman publié aux éditions L’Atalante (La dentelle du cygne) – Traduit de l’anglais par Mathilde Montier
Défaillances systèmes a reçu les prix Hugo (2018), Nebula (2017), Alex et Locus (2018).

Lire aussi l’avis de Lianne

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