Ma soeur, serial killeuse / Oyinkan Braithwaite

Ma soeur, serial killeuse / Oyinkan Braithwaite

couverture du roman ma soeur serial killeuse de oyinkan braithwaite

Korede s’est donné pour mission de protéger sa cadette envers et contre tout, et ce n’est pas une mince affaire. Non contente d’être la plus belle et la favorite de leur mère, Ayoola a aussi la fâcheuse habitude de tuer ses amants. Ainsi, au fil du temps, Korede est devenue experte pour faire disparaître les traces de sang et les cadavres. « Seulement, avec Femi, ça fait trois. Et à trois, on vous catalogue serial killer… »
Korede a une vie à mener, elle aussi : elle est secrètement amoureuse de Tade, le séduisant médecin qu’elle croise tous les jours dans les couloirs de l’hôpital où elle travaille comme infirmière. Aussi, lorsque sa jeune sœur jette son dévolu sur Tade, Korede se trouve face à un dilemme : comment continuer à protéger Ayoola, sans risquer la vie de l’homme qu’elle aime ?

Avis : Encore une fois, merci les QDP pour les découvertes fantastiques que j’y fais tous les ans. Cette fois ci, il s’agit de cette jeune autrice, au nom tout à fait imprononçable, Oyinkan Braithwaite. Elle a écrit un petit ovni dans le monde du polar puisqu’il n’y a pas vraiment d’enquête à proprement parlé, que le sens du décalé est présent à toutes les pages et que la vie à Lagos en toile de fond sert le récit de façon magistrale.

Nous découvrons donc Korede, une infirmière de l’hôpital de Lagos qui a trois secrets dans sa vie par ailleurs très rangée. C’est elle qui nous raconte les évènements de son point de vue, en parallèle de celui de sa soeur, Ayoola, créatrice de mode et bombe sur plusieurs plans. En effet, Ayoola est une bombe sexuelle, tout mâle qui la voit ne peut en détacher le regard. Mais c’est aussi une bombe à retardement car elle tue ses amants et appelle ensuite sa soeur à la rescousse pour l’aider à se sortir de ces situations, principalement pour nettoyer. Nous apprenons au fil des pages la probable raison qui a fait que cette famille est hautement dysfonctionnelle. C’est l’un des secrets de Korede. Le deuxième secret est bien sûr la propension de sa soeur à se débarrasser de ses amants. Le dernier est son amour pour Tade, le beau médecin avec lequel elle travaille, mais qui l’a mis dans sa friend zone.

Mais ce qui fait le plaisir de lire Ma soeur, serial killeuse, c’est l’humour. Un humour totalement absurde et décalé par les situations dans lesquelles les deux jeunes femmes se retrouvent. Devoir empêcher Ayoola d’instagrammer sa joie à tout va alors que son petit ami, Femi, vient de disparaître et qu’elle est sur la sellette de la famille de celui-ci par exemple. Et en même temps, récurer, frotter, ravoir des taches et laver plus blanc que blanc. Car Korede est maniaque ! Du genre de Monica dans Friends…

Alors bien sûr, la tension de savoir si elles vont se faire prendre est un des moteurs de ce livre mais ce n’est pas le seul. Il y a Lagos et la vie au Nigéria. La corruption des policiers, les hommes qui sont attirés par les femmes fatales et ce quel que soit leur classe sociale ou leur intelligence, et c’est d’ailleurs la raison qui pousse Ayoola à les tuer car ils ne la voient pas au-delà de ce corps parfait… Il y a la mère des deux filles, qui ne voit que la beauté de l’une et le fait que Korede soit l’ainée et qu’elle doive donc protéger sa soeur. Il y a aussi la violence de cette société très inégalitaire. L’autrice rend palpable ce que c’est que d’être une femme (jolie ou non) au Nigéria.
Et cerise sur le gâteau, la couverture est superbe.

Je ne peux que vous recommander Ma soeur, serial killeuse. De la profondeur dans le propos avec la légèreté du rire absurde en prime.

J’ai nettoyé cette voiture. De fond en comble. S’ils y découvrent une tache de sang, alors c’est qu’ils auront saigné en la fouillant. Ayoola pointe le bout de son nez. Je l’ignore et commence à passer le balai.
« -Tu es en colère contre moi?
– Non
– J’aurais juré le contraire.
– Je n’aime pas me retrouver sans voiture, c’est tout.
– Et c’est ma faute?
– Non. C’est celle de Femi qui a saigné dans mon coffre.
Roman publié aux éditions Delcourt – Traduit de l’anglais (Nigeria) par Christine Barnaste

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