Ici, personne ne veut plus de cette capitaine de police.
Là-bas, personne ne veut de son enquête.
Avis : Je suis devenue une fan d’Olivier Norek, depuis Entre deux mondes qui m’a mis le pied à l’étrier, pour ensuite dévorer avec plaisir sa série du capitaine Coste : Code 93, Territoires et Surtensions. Je suis encore plus fan avec Surface (c’est dire) à tel point que j’espère qu’il est le début d’une nouvelle série avec une femme en tant que personnage principal . Même si Surtensions est exceptionnel également.
On rentre tout de suite dans le vif du sujet, puisque dans le prologue, on déboule au milieu d’une bagarre dans un véhicule lancé à fond sur la route, avec l’un des protagonistes qui ne veut pas lâcher son arme. Et tout est mené tambour battant, à tel point que j’ai dû reprendre ma respiration. Et dire que j’en étais juste au prologue… Et ma respiration a été de nouveau mise à mal avec l’intervention des STUP, en temps réel, qui suit… enfin qui précède, mais ça c’est le premier piège tendu par Olivier Norek et c’est le début de Surface avec l’histoire de Noémie Chastain.
Lors de cette intervention, cette flic est victime d’un coup de feu qui lui atteint la mâchoire, le nez, le cuir chevelu et l’oeil et dont elle va se remettre physiquement, après 7h30 d’opération, mais dont les séquelles psychiques seront plus longues à guérir. Elle reçoit l’aide du psychiatre de l’hôpital des armées, Melchior. Il est central dans sa thérapie et va être un précieux conseiller tant psychologique que pour l’enquête.
Noémie était capitaine d’une équipe des STUP dans le 93 (clin d’oeil pour les fans de Coste, Ronan fait une toute toute petite apparition dans Surface) et avait sous ses ordres Adriel, son petit copain et second. Chloé et Jonathan complétaient la team. Mais Noémie devient alors No, car elle ne se supporte plus physiquement et connait des changements d’humeur drastiques. Si elle a le soutien de Chloé et de Jonathan, elle perd celui d’Adriel, qui l’abandonne sans un mot. Elle ne peut plus tirer son arme sans trembler et va être placardisée dans l’Aveyron. Sous couvert de devoir potentiellement fermer un commissariat à Decazeville, son chef espère qu’elle commettra une erreur et qu’il pourra alors la virer tranquillement. Il ne s’imagine pas la garder dans le 93, car sa gueule rappellerait à tous, la dangerosité de leur métier.
Bien mal lui en prend car surgit un tonneau du fond du lac d’Avalone. Ce tonneau contient un corps et va déclencher une enquête hors norme pour celle qui est déjà une légende. Cette enquête va nous mener au fond du lac en plongée avec les marins de la Fluviale (dont le fameux Hugo Massey, qui ne fera pas de la figuration, mais risquera sa vie et son coeur sur cette affaire-là) jusqu’à l’Espagne, de cimetières en maison communale et des fermes alentour en haut du Puy du Wolf.
À Decazeville, Noémie va retrouver une vraie équipe, où l’on se chambre gentiment, où l’on s’accepte tel que l’on est et où l’on se fait confiance, ce qu’elle n’osait plus faire. C’est une renaissance mais qui sera longue et pavée d’embûches.
J’ai beaucoup aimé ce roman policier qui manie les faux semblants avec brio. Olivier Norek nous oblige à creuser sous la surface… et c’est tellement bon d’avoir une enquête intelligente, divertissante et machiavélique doublée d’une histoire sociale et amoureuse, mais aussi d’une reconstruction psychique après l’horreur. Et le fait que ce soit une femme qui soit mise en avant, m’a évidemment encore plus plu. Olivier Norek a réussi un grand roman et lorsqu’il disait à une conférence des Quais du polar 2019, qu’il n’avait pas eu de mal à écrire au féminin, car ses personnages lui viennent et lui disent par-dessus son épaule ce qu’ils feraient et ne feraient pas… j’ai compris avec Surface, ce qu’il voulait dire.
J’ai aussi adoré retrouver l’humour de cet ancien flic. « Il y a un bateau qui essaie de se garer sur notre parking ». Ou bien le type que ses coéquipiers appellent « Sonar » parce que son nom est imprononçable et qu’il s’occupe du sonar . Et celui bien noir de Noémie est un régal : notamment quand elle parle de « gueule de viande crue « pour parler de sa « nouvelle » tête… ou quand elle baise littéralement son ex.
Le titre et le sujet (se reconstruit-on après un traumatisme pareil ?) sont intimement liés, et résonnent avec la surface du lac et ce qu’il se passe sous celle-ci. Mais il n’y a pas que l’enquête qui rentre en résonance ici. Il y a aussi les amours, les relations amicales ou au travail. C’est un très beau travail d’insertion et de mises en miroir parfois implacable.
L’épilogue est joli et va bien avec cette femme tenace et finalement forte. Mais pour apprécier encore plus l’humour d’Olivier Norek, il faut lire ses remerciements qui, s’ils sont bavards (comme lui), sont aussi drôles, parfois vaches, mais on y découvre surtout que sous la rudesse, perle la tendresse.
Bref, la porte est ouverte pour une suite et j’espère qu’Olivier Norek s’y engouffrera !!!!!
Roman publié aux éditions Michel Lafon
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