Je m’appelle Agnès Cleyre et je suis orpheline. De ma mère sorcière, j’ai hérité du don de voir les fantômes. Plutôt une malédiction qui m’a obligée à vivre recluse, à l’abri de la violence des sentiments des morts. Mais depuis le jour où mon oncle notaire m’a prise sous son aile, ma vie a changé. Contrairement aux apparences, le quotidien de l’étude qu’il dirige n’est pas de tout repos : vampires, loups-garous, sirènes… À croire que tout l’Alter Monde a une succession à gérer ! Moi qui voulais de l’action, je ne suis pas déçue… Et le beau Navarre n’y est peut-être pas étranger.
Avis : De l’urban fantasy française, on ne peut pas vraiment dire qu’il y en a beaucoup. Alors, lorsque je tombe dessus, je suis forcément intriguée…
Premier bon point, Jeanne A. Debats n’hésite pas à sortir des sentiers archi-battus de l’urban fantasy anglo-saxonne. Même s’il y a de très bonnes séries, on finit par se lasser d’un schéma mille fois répété. L’auteure esquive cet écueil avec adresse, gardant certains codes et en abandonnant d’autres sans vergogne (adieu, l’héroïne badasse, et pour cela, moi je dis juste merci !). Elle nous présente ainsi une histoire différente, empreinte d’une certaine mélancolie, mais non moins intéressante.
Et pour commencer, ce sont dans les rues de Paris que nous nous retrouvons. Nous y rencontrons Agnès, née de l’union d’une sorcière et d’un humain. Une mésalliance fortement réprouvée par le clan de sa mère, et une naissance qui aurait dû être impossible. Ayant hérité du don incapacitant de voir les fantômes, Agnès a vécu en quasi recluse toute sa vie. Car les fantômes ne sont pas aimables, et ils n’ont pas du tout envie de lui faire la causette pour l’aider à trouver ce qui leur est arrivé. Au contraire, ils la harcèlent, l’agressent, l’étouffent. Seules solutions pour les tenir à distance ? L’absorption d’alcool ou de drogue en quantité plus que conséquente (moyennement efficace).
Voilà de quel bagage se retrouve affublée Agnès à la mort brusque de sa famille. Seule, et avec l’effrayante perspective du vide pour horizon. Heureusement, seule, elle ne va pas le rester très longtemps car c’est ce moment-là que choisi son mystérieux oncle Géraud pour réapparaître dans sa vie. Notaire pour les créatures surnaturelles de l’Alter Monde, il va lui ouvrir un monde dont elle ne soupçonnait pas l’existence.
Les créatures rencontrées ici sont classiques mais très bien mis en scène, notamment grâce à cette idée originale de cabinet notarial par lequel on les découvre. Insérer règles et lois, lenteurs bureaucratique, dans ce que l’on imagine sauvage et incontrôlable avait un petit côté impertinent qui m’a bien plu. Bien sûr, lorsqu’il y a des règles, il se trouve également toujours quelqu’un pour les enfreindre… L’héritière est ainsi non dénué de son lot d’actions, de retournements de situations, et de rebondissements.
Autre élément que j’ai trouvé intéressant, c’est que Jeanne A. Debats ne nous propose pas les gentils d’un côté et les méchants de l’autre. Elle nous offre des personnages bien plus nuancés, avec leur passé et leurs désirs, dont certains luttent pour contrôler leur côté obscur, d’autres pas du tout.
Je suis maintenant fortement curieuse de lire Métaphysique du vampire, qui présente le personnage de Navarre avant qu’il intègre l’étude de Géraud. Et bien sûr, de lire le 2e tome, Alouettes !
Roman publié aux éditions ActuSF (Les trois souhaits)
LC avec Iléana
Ce livre vous intéresse et vous souhaitez soutenir le blog ? Passez par un des liens Fnac ci-dessous pour votre achat, cela ne vous coûtera pas plus cher et permettra d’aider à financer le blog (en savoir plus) :