Flaash est une nouvelle revue, qui a pris le chemin des librairies en décembre dernier. C’est une revue de prospective, c’est à dire qu’elle s’intéresse au futur en regardant le présent. La promesse du magazine ? « une revue papier où la réalité rejoint la fiction ». A raison de 4 numéros par an, elle se propose de porter un regard à la fois critique et ouvert sur les évolutions de nos sociétés, avec l’aide d’essayistes, journalistes, écrivains, artistes… et l’appui d’œuvres de science-fiction, d’hier et d’aujourd’hui. Ce qui, vous vous en doutez, m’a interpellée !
C’est pourquoi je me suis procurée le dernier numéro, intitulé Cycle de vie. Une des particularités du magazine est en effet de se centrer autour d’un thème. Après la surveillance de masse (n°1) et les villes du futur (n°2), nous allons parler natalité, vie et mort ! Sur la forme, le magazine de 126 pages s’articule autour de 3 parties : Grand angle, « Récits » et Culture. Le tout est agrémenté d’illustrations (parfois tirées de BD), d’une illustration détachable, et se termine par un feuilleton BD (qu’il faut donc suivre à chaque numéro).
Ce n°3 débute par l’interview de 2 invités : Alain Damasio pour parler de son essai Vallée du Silicium, et Rone autour de son travail musical. Le titre ouvre ensuite le débat avec un article passionnant intitulé « Les bébés sur-mesure sauveront-ils l’humanité ?« . J’y ai découvert le courant du « long-termisme » qui place le futur lointain comme prioritaire et le pronatalisme (faites des gosses ! qu’ils disent) avec la famille Collins (dont les enfants portent des noms plus improbables les uns que les autres). Passionnant oui, mais je l’avoue pour moi, petite Française provinciale et cynique, assez surréaliste. Et un peu effrayant. Qui m’a également à nouveau confirmer que vraiment, ils sont fous ces Américains ! Mais ne vous en faites pas, à moins d’être riches, vous n’êtes pas prêts d’être concernés par cette mouvance. Vous n’avez tout simplement pas les moyens ! Car bien sûr, ça ne s’arrête pas là : faire des gosses, c’est bien, mais des gosses parfaits c’est mieux ! Alors pourquoi ne pas aller patouiller du côté du génome pendant qu’on y est ?!
Mais Flaash ne s’arrête pas là. Au cours des 3 autres articles qui s’intéressent au thème, nous allons aussi parler de robots sociaux, de petits amis IA qui te poussent au suicide mieux qu’un stalker lambda, du business de la death tech (avez-vous pensé à votre testament Facebook ?), de transhumanisme… Les auteurs décortiquent pour nous des innovations qui posent de vraies questions sociétales et éthiques.
Le magazine offre ensuite une respiration à son lecteur, avec 3 nouvelles à connotation science-fictive : Les langues se cachent pour mourir de Urlee (bof), Logos Rhoia de Nicola Gaudemer (ma préférée), Chez soi de Thomas Arciszewski (glauque) ; ainsi qu’un court essai sur la dystopie et ses possibles effets secondaires, Fatigue dystopique de Charline Zeitoun (good question!).
La partie Culture quant à elle, est tout aussi productive. On y trouvera aussi bien un entretien avec l’autrice Léa Murawiec, qu’une analyse sur la place du sexe dans la SF, un portfolio d’artiste (Christopher Bauder) ou des explorations architecturales. Et je ne vous dis pas tout 😉
Ma lecture de ce 3e numéro de Flaash s’est révélée plus que convaincante. J’ai apprécié son contenu riche, documenté et hautement intéressant (pour la plupart, je suis passée à côté du portfolio et l’urbanisme ne m’intéresse que modérément). J’ai apprécié qu’il m’apprenne des choses et m’interroge sur des sujets auxquels je n’avais jamais réfléchi. J’ai apprécié ses nombreuses références à des œuvres de SF. Il faut que je me procure le n°1 maintenant, dont le thème m’intéresse particulièrement !
Le futur, c’est aujourd’hui.