Reykjavík,1956. Une jeune fille disparaît sans laisser de trace. Trente ans plus tard, le mystère est toujours la plus grande affaire non résolue d’Islande.
Avis : Lára Marteinsdóttir, une jeune fille de 15 ans, a disparu aux alentours du 6 août 1956, vers l’île de Videy, dans la baie de Reykjavik. Tout ceci est vague. Car Kristján , le policier qui devait enquêter, se voit limité par « une certaine corruption ». Ceux pour qui travaillait la jeune fille ont le bras long et Kristján comprend qu’il ne doit pas trop poser de questions.
Mais 30 ans plus tard, Valur qui veut se faire bien voir par son rédacteur en chef, Dagbjartur, suggère plusieurs papiers hebdomadaires lors de l’approche de la date anniversaire de la disparition de Lára. Il se propose de re-questionner plusieurs des proches de cette disparue.
Ce roman, homonyme de la capitale de l’Islande où il se déroule, est un roman policier à l’ancienne. Pas de violence décrite, pas de sang. C’est un journaliste, et pas un policier qui mène l’enquête 30 ans après les faits. La vitesse n’est pas non plus requise. Et quand on voit que Ragnar Jonasson et Katrin Jakobsdottir ont dédié le livre à Agatha Christie, cela a un sens et un charme fou.
La tension que l’on sent dans Reykjavik est autant due aux évènements politiques et culturels qui sont en train de prendre forme en cette année 1986, qu’à l’enquête que poursuit Valur pour comprendre ce qu’il s’est passé 30 ans plus tôt. Les disparitions (à fortiori de jeune fille) sont très peu nombreuses en Islande et celle-ci a marqué les esprits. La distillation des indices est toute en lenteur et en subtilité. C’est intelligemment fait et prenant.
La venue des 2 leaders Mondiaux, Gorbatchev et Reagan, en pleine guerre froide et l’ouverture de l’Islande avec une nouvelle chaîne privée à la télé et de nouvelles radios, apportent un fond historique très impressionnant. Les 2 auteurs parlent de corruption, de féminisme et de valeurs qui portent également ce roman vers de belles hauteurs.
Un seul bémol : pourquoi n’essaie-t-on pas de tuer Sunna, la sœur de Valur quand elle se rapproche trop de la réponse ? Mais sinon, Reykjavik fut une belle lecture qui m’a définitivement changé de mes meurtres hyper violents à cent à l’heure habituels.
Reyklavik de Ragnar Jonasson et Katrin Jakobsdotti est un roman publié aux éditions de La Martinière – Traduit de l’islandais par Jean-Christophe Salaün