Qu’est-ce qui a bien pu pousser Pauline, brillante étudiante en classe préparatoire, à se jeter du toit de son lycée ? Maya Van Hoorenbeck, fine psychologue, est envoyée à Sète par la cellule Cornelia. Elle découvre que Pauline n’est pas la première à se donner la mort au prestigieux lycée de la Rédemption. Aidée de Sidney Moore, son acolyte québécois, et de Mrs. Robinson, sa fidèle doberman, Maya interroge l’entourage de Pauline et brosse le portrait d’une jeune femme pleine de fougue, militante écologiste investie. Comment a-t-elle pu arriver à une telle extrémité ? Et qui pourrait avoir intérêt à sa disparition ? Thriller psychologique haletant, La souris qui voulait sauver l’ogre nous plonge dans la fabrique des élites. Un univers aussi exclusif qu’impitoyable…
Avis : La souris qui voulait sauver l’ogre est un drame psychologique aux petits oignons dont on a du mal à ne pas dévorer les pages d’un coup tellement il est addictif !
La cellule psychologique Cornélia, représentée par Maya, intervient suite au suicide d’une adolescente dans son lycée. Cette cellule, composée de psychologues, est spécialisée dans l’analyse psychologique des causes du suicide et est chargée d’accompagner les familles et l’entourage des victimes pour prévenir d’autres tentatives ou bien établir les raisons qui ont amené un individu à mettre fin à ses jours. Un contexte qui m’a attiré puisque professionnellement familier et malheureusement trop souvent d’actualité. On connaît donc l’histoire : Pauline a bel et bien mis fin à ses jours. Maya cherche les raisons du passage à l’acte.
Dans un premier temps, nous nous familiarisons en même temps que la psychologue avec l’environnement de la jeune fille : ses parents, sa soeur, ses amis, ses camarades de classe, ses ennemies et surtout le lycée qu’elle fréquentait. Un lycée pour l’élite, les « enfants de » où la discrimination règne en maitre. Un milieu dans lequel Pauline était jugée hors-norme car issue d’une classe sociale défavorisée, intelligente, fervente défenseuse de la cause écologique, au grand désarroi d’une direction ayant bien d’autres préoccupations. Harcèlement entre pairs et par les professeurs, humiliations/violences verbales et physiques, les difficultés de s’intégrer dans un milieu social élitiste, l’injustice…
Des thématiques fortes qui vont amener l’enquêtrice à faire face à son propre passé. Maya revient en effet à Sète, ville de son enfance, qu’elle a fui suite à un drame. Françoise Guérin y consacre la deuxième partie du roman. Elle donne également une place importante à Mrs Robinson, le chien de Maya. Une manière plus douce pour approcher les plus récalcitrants et les amener à se confier dans ce cadre à l’esprit d’un huis clos.
Françoise Guérin a su ajouter un peu d’humain dans cet omerta scolaire : si la direction et certains adultes de l’établissement sont infectes, l’infirmière, certains élèves sont si attachants. L’attente des familles, l’image auprès des autres, l’emprise des réseaux sociaux, l’entre-soi d’un milieu élitiste… une pression psychologique que l’on ressent dès les premières lignes grâce à la plume acerbe de Françoise Guérin. Un roman qui rend compte du climat « pas de vagues » de l’institution scolaire en y faisant quelques remous !
C’est implacable, c’est percutant. La souris qui voulait sauver l’ogre est un roman qui pousse à la réflexion sur plusieurs sujets sensibles. A mettre dans tous les CDI !
La souris qui voulait sauver l’ogre de Françoise Guérin est un oman publié aux éditions Eyrolles.