Aux Mûriers, l’ennui tue tout aussi sûrement que la vieillesse, jusqu’à ce que Maglia, la doyenne de la maison de retraite, ne voit en rêve le fléau s’abattre sur le monde. Après quarante jours et quarante nuits de réclusion, les pensionnaires décident de sortir et entrent en chaises roulantes dans un Paris dévasté, devenant les proies de créatures encore moins vivantes qu’eux. Qui se déplace le plus vite… un zombie ou un petit vieux en déambulateur ?
Avis : Dans un avenir proche, dont a rêvé Maglia, la-plus-que-centenaire de la maison de retraite des Mûriers, ça va puer la charogne ! Et oui, après 40 jours de quarantaine, les zombies semblent être les seuls à roder en dehors de la maison de retraite !
L’évangile cannibale est donc un roman puant mais aussi marrant, caustique, sans oublier flippant !
Il y a Mat qui est le narrateur. Un vieux bonhomme hargneux et parano que sa seconde femme a mis dans cette maison et dont la fille, Léa, ne veut plus le voir. Mais c’est Maglia, 110 ans et une vision d’apocalypse lors d’un malaise, qui convainc tout un petit groupe de se retrancher dans l’établissement, puis de tenter une sortie dans des rues trop calmes, et surtout à l’odeur immonde.
Mat et Maglia se sont entourés d’apôtres tels que Simon « hépatic-man », Jacky le fan de foot, Dédé et son bob de pêcheur, Pierrot, le judas de service, Jules « anus artificiel », Yan et son blouson de cuir et qui ne sait que chanter de la variété française, Tom l’architecte fan de film de zombies, Philou le gentil qui révère Maglia, mais aussi Bachir et Chris, aide-soignant et garde du corps. C’est assez rigolo.
Mat nous rend compte de cet incroyable road movie (lent car en déambulateur ou fauteuil roulant) mais pas toujours de tout ce qu’il s’est réellement passé et c’est souvent dans ces omissions que gît le pire de l’humanité. Mais avec lui, le reste n’est pas trop reluisant non plus car il est misanthrope, homophobe, raciste et macho.
Les scènes avec les zombies sont glauques à souhait. Il y a aussi des violences sexuelles sur deux ados. Le suspense est entier jusqu’à la fin anthologique qui nous retourne le bide… de surprise !!!
L’interview de Fabien Clavel en fin d’ouvrage est intéressante, autant pour découvrir l’auteur, qui veut écrire sur tous les genres et toutes les catégories de « monstres », que pour voir en quoi L’évangile cannibale est un roman un peu différent des autres qu’il a écrits.
Un nouvel auteur à suivre pour moi, et un grand merci encore pour la découverte aux éditions Actusf !
L’évangile cannibale de Fabien Clavel est un roman publié aux éditions ActuSF (Hélios)