Une enquêtrice de l’Office anti-stupéfiants, l’élite de la lutte anti-drogue, qui a tout à prouver.
Un policier des Stups borderline qui n’a plus rien à perdre.
Un clan manouche qui lutte pour son honneur et sa survie.
Avec la rigueur qu’on lui connaît, DOA immerge son lecteur dans le quotidien des acteurs du trafic de came ; son indiscutable talent de romancier nous arrime à la destinée de ses personnages, à leurs relations complexes et fragiles ; son style, d’une précision presque brutale, colle au plus près de cet univers de violence et de solitude.
Avis : Rétiaire(s) est un polar sur un flic, Théo Lasbleiz, qui n’est peut-être pas celui qu’on croit. C’est aussi un livre sur Amélie Vasseur, une policière de l’office anti-stup, qui cherche, entre autres, la reconnaissance qu’elle mérite dans ce monde macho. DOA entremêle aussi les existences et exigences d’une juge, Diane Arosteguy, et de diverse bandits ; le clan Cerda en tête, avec notamment Momo, Manu et Lola.
Alors on ne va pas se mentir, lire DOA, n’est pas qu’une partie de plaisir. Il y a pléthore de noms, d’acronymes, de lieux, d’embrouilles et de passifs entre personnages qui donnent le tournis. Rétiaire(s) n’est pourtant pas son livre le plus difficile, mais il y a bien besoin du glossaire de fin et du récapitulatif des personnages.
Malgré ces difficultés, les personnages sont sublimes d’ambivalences, l’histoire est pleine de rebondissements et on sent l’investigation poussée pour être aussi précis sur les procédures, les jalousies entre services, les batailles d’ego, et même l’odeur de la prison, les sensations dans un fourgon de police… Et il y a une place particulière pour les femmes de ce livre. Qu’elles soient flic ou bandits, qu’elles soient amoureuses ou mères… cela m’a beaucoup plu.
Et ce n’est pas tout : on est scotché au fond de son canap’ par la potentialité d’images, de bons sons que donneraient à voir ce roman porté en série comme initialement prévu. Car Rétiaire(s) était à l’origine un scénario pour une série que portaient DOA et Michaël Souhaité qui n’a pas pu voir le jour et dont les deux acolytes expliquent l’affaire en postface.
Eh ho les producteurs, les chaines de télé, ou les plateformes de streaming : il est encore temps de revoir votre copie et de faire une tuerie de série de ouf avec Rétiaire(s) !
Mais il en va des rêves comme des promesses, ils inspirent et engagent seulement ceux qui veulent y croire.
Roman publié aux éditions Gallimard (Série noire)