Les mystères de sœur Juana, tome 1
Mexico, Nouvelle-Espagne, XVIIe siècle. Quelqu’un – ou quelque chose – a pris possession du couvent de San Jerónimo. Religieuses et servantes sont retrouvées sacrifiées sur l’autel selon des rituels précolombiens sanguinaires, et la suspicion règne. Nulle n’y échappe. Car dans cette enceinte retirée du monde, entre fornication, autoflagellation et cauchemars blasphématoires, le péché est partout…
Alina, jeune novice insolente et rebelle, vient de prendre le voile. Au côté de Matea, sa fidèle domestique indigène, la voilà qui s’allie à sœur Juana, excentrique femme de lettres, pour trouver le coupable. Entre prières, lectures, leçons de cuisine et chocolats chauds, le trio mène l’enquête. Mais dehors, l’Inquisition est déjà en chemin et compte bien couper le mal à la racine…
Avis : Je sais, je sais, j’ai dit : plus de nouvelles séries. Mais comment résister à la belle couverture de Mort au couvent qui appelle le mystère et l’érudition, et à ce contexte historique riche et peu courant, le Mexique au 17e siècle alors qu’il était sous l’autorité de l’empire espagnol ?
Nous sommes donc au couvent de San Jerónimo, celui-là même où réside Sœur Juana Inés de Asbaje y Ramírez de Santillana, une figure célèbre de l’époque. Religieuse, lettrée et poétesse, elle s’était fait remarquer par son intelligence et son indépendance. C’est elle, qu’Oscar de Muriel a choisi comme héroïne de sa série. Une part de sa vie reste encore méconnue aujourd’hui, mais on sait qu’elle a effectivement vécu dans ce couvent à une période de sa vie. L’auteur s’est alors plu à lui imaginer quelques aventures…
Aidée d’Alina, une jeune novice à la langue trop bien pendue, Soeur Juana va devoir résoudre une série de meurtres barbares, qui prend pour cible les habitantes du couvent. Il y a déjà eu 3 mortes, et malgré tout le soin que les nonnes prennent pour enterrer l’affaire, au couvent comme ailleurs, les rumeurs courent plus vite que le vent. Nos héroïnes devront découvrir le coupable avant que l’inquisition vienne toutes les condamner au bucher…
Avec Mort au couvent, nous sommes entre le polar historique et le cosy mystery. Les hiéronymites et leurs servantes forment un vase clôt qui reproduit la société de l’époque. Une société engluée dans une hiérarchie du plus fort, mais aussi extrêmement racisée. Si l’homme se place bien sûr au-dessus de la « faible » femme, la femme Espagnole ou créole sera toujours au-dessus de n’importe quel indigène, pourtant natif du sol qu’ils foulent et la plupart du temps réduit en esclavage.
Le fait que le roman se passe au sein d’une communauté religieuse apporte également une dimension supplémentaire. La plupart des nonnes y sont profondément dévotes. Si elles croient en Dieu, elles croient à son pendant, et certaines sont ainsi persuadées que les meurtres sont l’œuvre du Malin. Il y a donc un petit côté mystique à l’atmosphère développé par Oscar de Muriel.
Au final, ce fut une lecture plaisante, et je lirai volontiers la suite des enquêtes de Sœur Juana, Alina et Matea, la jeune servante de cette dernière.
Mort au couvent est un roman publié aux éditions Les presses de la cité – Traduit de l’espagnol (Mexique) par Vanessa Canavesi