À Lyon, l’été a laissé place à un automne macabre. Ombre insaisissable, le tueur du lundi frappe là où on ne l’attend pas. Mises en scène machiavéliques et génie criminel, il brouille les pistes avec son modus operandi étudié et affûté comme une lame, cherchant à tout prix à surpasser ses prédécesseurs. Chaque lundi est appréhendé. Attendu. Qui sera le prochain ? Les victimes aux profils variés ne semblent avoir aucun lien. Un seul point commun, pourtant ; un Polaroïd immortalisant la scène du crime et signé au dos : « M. Monday ». La découverte de « l’œuvre » du tueur laisse à chaque fois Jonas Maleck dans le même brouillard émotionnel : une défaite amère mêlée à un enthousiasme malsain qui le saisit totalement. Fasciné par l’intelligence de Monday et écœuré par sa cruauté, l’enquêteur flirtera avec l’illégalité pour résoudre cette affaire, embarquant son équipe avec lui dans une course contre la montre aussi glaçante qu’incertaine. Jonas devra alors jouer sur plusieurs tableaux pour affiner le profil psychologique de M. Monday… Et faire face à ses propres démons. Très vite, un jeu du chat et de la souris se met en place entre ces deux hommes que tout oppose. Qui sera le chasseur, et qui sera la proie ? La traque a commencé…
Avis : M. Monday nous plonge dans la ville de Lyon, alors qu’elle est en proie à un prédateur bien décidé à faire régner la terreur sur ses habitants. M. Monday peut frapper n’importe où et n’importe qui. Mais pas n’importe quand : il a ses petites habitudes et a choisi le lundi comme point d’orgue pour son grand œuvre ; d’où son nom, qu’il s’est lui-même choisi. C’est une carte macabre qu’il s’apprête à dessiner sur la ville lumière – où l’on sent bien, tout au long du roman, tout l’amour que l’auteur porte à sa ville. Lyonnais, vous allez adorer 😉
Le roman est partagé entre plusieurs points de vue. Nous suivons à la fois les investigations des policiers, le tueur; et quelques personnages liés à l’affaire. Je dois dire que j’ai été frustrée par l’enquête, qui pour moi n’en est pas vraiment une. Par exemple, dès le premier meurtre, les enquêteurs sont persuadés d’avoir affaire à un tueur en série et donnent l’impression de se contenter d’attendre le 2e meurtre. Il n’y a pas d’interrogatoire des copines de la victime, avec qui elle sortait boire un verre chaque semaine, ni rien de ce genre. Et c’est un peu comme ça tout le long. Le seul qui semble faire un peu de travail de recherche, c’est le documentaliste. Au final, c’est beaucoup de réflexions et d’extrapolations sur le profil du tueur. Je préfère le travail de terrain personnellement, mais ça devrait plaire aux amateurs d’Esprits criminels 😉
Et ces réflexions proviennent principalement de l’enquêteur principal, Jonas Maleck. Je ne l’ai pas du tout aimé. Pourtant, je pense que Romain Gorce a voulu le rendre, non seulement sympathique, mais attachant. Il a une histoire familiale difficile, et une relation forte avec sa sœur, qui prédisposent à ce qu’on le prenne en affection. Ce n’était toutefois pas suffisant pour moi ; je l’ai trouvé colérique, imbu de lui-même et incapable de se contrôler. Et il m’a définitivement perdue lorsqu’il dit « admirer » le tueur.
Mais parlons-en de ce tueur, de ce M. Monday. Pour moi, c’est la vraie réussite du roman. Autant je n’ai pas toujours été convaincue par l’enquête ou les protagonistes, autant les chapitres du point de vue de Monday sont ciselés au cordeau. Le premier, déjà, met tout de suite dans l’ambiance. Romain Gorce esquisse le portrait un tueur qui m’a fait froid dans le dos. Il nous plonge dans son esprit, nous fait vivre les évènements par le truchement de ses pensées déviantes. J’ai eu du mal à lire certaines parties, tellement sa psyché est malsaine et terrifiante. C’est glaçant de réalisme, et je crois que si j’étais sa femme, je me méfierais !
Au final M. Monday est un thriller qui ravira les amateurs de personnages noirs et torturés, mai frustrera un peu ceux des enquêtes tortueuses.
Roman publié aux éditions WoW