Approchez, approchez ! Alors que tombe la nuit froide, laissez-moi vous conter l’histoire de Cúchulainn, celui que l’on nomme le Chien du Forgeron, qui s’est rendu dans l’Autre Monde plus souvent que nul autre, qui a repoussé à lui seul l’armée du Connacht et accompli trop d’exploits pour qu’on les dénombre tous. Mais l’histoire que je m’apprête à vous narrer n’est pas celle que chantent les bardes. J’en vois parmi vous qui chuchotent, qui hésitent, qui pensent que je cherche à écorner l’image d’un grand homme. Pourtant, vous entendrez ce soir la véritable histoire du Chien. L’histoire derrière la légende. L’homme derrière le mythe.
Avis : La cosmogonie de ce conte est celte. Je n’y connais pas grand-chose et si vous non plus, ce n’est pas grave ! Le conteur, et par lui l’auteur, décrit bien les croyances de ce peuple. Et il raconte sa version de l’histoire de Cúchulainn, le Chien du forgeron. C’est bien d’un homme pourtant dont il parle, et pas d’un animal. Quoique ?
C’est un conte sanglant et gore, qui se situe au moyen âge. D’une violence rare, il est centré sur les inégalités, que ce soit de classe ou de genre. Les femmes en prennent pour leur grade, alors que le conteur essaie de nous faire prendre conscience de l’idiotie de la chose. Mais les hommes aussi, s’en prennent plein la tête, tant les rôles attribués aux uns et aux autres les obligent à subir les lois, les règles, et les devoirs de leurs rangs.
Pourquoi ne se sent-elle pas honorée par le désir que Cúchulainn lui porte ? Il y a sûrement quelque chose qui ne va pas chez elle. Laissez-moi vous dire une petite vérité : il y a quelque chose qui ne va pas chez chacun d’entre nous. […] Le quelque-chose-qui-ne-va-pas d’Emer ne voulait pas du quelque-chose-qui-ne-va-pas du Chien.
Les fans de fantastique seront bien déçus, car il n’en est point vraiment fait cas. Sauf lors du breuvage qui révèle sa propre mort ? Un passage du livre prenant et hyper émouvant. Mais sinon, on parle des dieux, mais il n’y a aucune trace réelle de leur existence. Heureusement, il y un peu d’humour avec ce conteur qui ne demande que trois choses pour son histoire : de ne pas l’interrompre, d’aller jusqu’au bout de l’histoire et surtout que sa chope de bière ne soit jamais vide !!!
Le chien du forgeron est un roman qui se lit vite malgré les noms à coucher dehors et les liens familiaux plutôt complexes. Et même si la violence du propos est inouïe, j’ai été happée par le rythme du conteur et par l’envie de connaître la vie de cet énergumène, Cúchulainn, le Chien du forgeron. Et c’est avec cette phrase tellement d’actualité (#confinement) que je vous enjoins de lire ce magnifique roman.
Un jour, peut-être, les hommes reconnaîtront-ils les mots des histoires, les notes des chants et les pas de danse comme des denrées aussi indispensables que le pain ou la bière.
Roman publié aux éditions J’ai lu