Tu marches parmi les ruines / Tyler Keevil

Tu marches parmi les ruines / Tyler Keevil

couverture du roman Tu marches parmi les ruines de Tyler Keevil

Ton histoire commence par la fin.
La fin de ta vie, le jour où Tod, ton mari, a été poignardé à mort. Depuis tu erres, sans but et sans émotion. Tu décides de quitter ton travail, puis Londres et de partir à Prague. Simplement parce que c’est là que Tod t’avait demandée en mariage.
En déambulant dans la ville brumeuse, tu te rapproches de la pègre locale. Te voilà chargée d’une mission : traverser la frontière et récupérer un « colis » en Ukraine. Tu as enfin un but. Mais ce colis, c’est un être humain. Au fond de ton cœur gelé, une étincelle jaillit.
Tu ne peux pas suivre leurs règles.
Et vous êtes désormais en danger.

Avis : Attention, c’est de la bombe ! Tu marches parmi les ruines m’a totalement captivée, et surprise. Un thriller à couper le souffle !

Tout d’abord grâce à sa narration si particulière : un narrateur qui semble omniscient conte l’histoire, non pas à nous, lecteurs, mais à l’héroïne. Il s’adresse à elle, en utilisant le « tu » tout au long du roman. Et c’est là l’idée géniale de Tyler Keevil. Car ce récit apporte à la fois un rythme lancinant mais aussi un ton très personnel. Il retrace les évènements, les commente, apporte des détails ici et là. Il nous implique, il nous happe.

Avec Eira, l’auteur crée un personnage à la fois dur et tendre. Un personnage à la fois victime et moteur de sa destinée. Après la mort subite de son mari, la jeune femme décide de se rendre à Prague, ville où il l’avait demandé en mariage. Elle n’a pas de projet, pas de volonté ; elle vivote en regardant le temps passer… Jusqu’au jour où, à court d’argent, elle accepte d’aller récupérer un « colis » en Ukraine, et de lui faire passer discrètement la frontière. Et c’est là que son cœur se remet à battre.

Car ce « colis » est un enfant. Un jeune garçon nommé Gogol, qui va mettre tous ses espoirs en elle, persuadé qu’elle l’emmène à Disneyland. Mais sa destination est en réalité bien plus sinistre… C’est cette prise de conscient qui va sortir Eira de sa torpeur. Elle qui ne croyait plus en rien va se réveiller avec le désir farouche de protéger cet enfant qui n’est pas le sien, qu’elle ne connaissait pas il y a peu de temps… Quel qu’en soit le prix. Avec cette trame, l’auteur révèle ainsi les réseaux criminels qui sévissent à l’Est. C’est noir et brutal.

La relation qui se noue entre Gogol (oui, moi non plus, je n’aurais pas choisi ce nom…) et Eira est le 2e point fort de Tu marches parmi les ruines. Elle est vraiment touchante et forte. Elle se construit petit à petit, au fil des péripéties qu’ils vont devoir vivre. Car si la première partie du roman, avec la mise en place des éléments qui vont conduire Eira sur cette route, peut paraître lente, la seconde est nerveuse, et même angoissante par moments, tant je me suis sentie entraînée dans cette histoire.

Et c’est là le dernier tour de force de Tyler Keevil. Car ce récit qui te prend aux tripes, tu brûles de savoir s’il est réel – alors même que tu as totalement conscience de lire une histoire, un roman. Tu veux savoir si c’est vrai, si les évènements se sont déroulés ainsi. Le narrateur est-il fiable ? Ou lui aussi raconte-t-il une histoire ? C’est toute la beauté de la chose, et le talent de l’auteur. Cela vous est-il déjà arrivé de ressentir ça ? #schizophrene

Bravo !

Roman publié aux éditions du Seuil (Cadre noir) – Traduit de l’anglais (Pays de Galles) par Fabrice Pointeau

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