Belle était loin d’être aussi jolie que ses sœurs aînées, Grâce et Espérance. À quoi bon ? Aux soirées mondaines, aux robes somptueuses, elle préférait les bibliothèques et les livres. Quand son père se trouva ruiné, la famille fut réduite à habiter une humble maison, dans un village au fond des bois. Tous auraient pu vivre ainsi, heureux d’une existence loin du luxe et des lumières de la ville, mais le destin s’acharna de nouveau. Quand son père revint au foyer avec l’histoire d’un château magique et de la terrible promesse qu’il avait dû faire à la Bête qui y vivait, Belle partit de son plein gré affronter le monstre et sa question sans cesse répétée : « Belle, voulez-vous m’épouser ? »
Avis : J’adore les contes. Celui de la Belle et la Bête n’est pas mon préféré – même si, bon, la bibliothèque de la Bête… 😍 – mais j’adore les contes. Comment ? Je l’ai déjà dit ? Mais c’est pour que tu comprennes bien que j’adore les contes 😋 et pourquoi je n’ai donc pas pu résister à cette réédition et sa jolie couverture dorée.
Malheureusement, le charme n’a cette fois pas opéré. Je comptais beaucoup sur l’aspect « réécriture » pour m’emporter, mais j’ai trouvé celle-ci bien pâlichonne. Je m’attendais à un récit moderne et enlevé, or le conte reste très semblable à l’histoire que j’en connais. Trop. Nous sommes très loin de la déconstruction totale d’Alice aux pays des merveilles de Zariel et Karim Berrouka.
Nous avons donc notre Belle, benjamine de 3 sœurs et fille d’un marchand prospère, qui est plus intéressée par ses études et la lecture que par les mondanités. Comme ses sœurs Grâce et Espérance, elle porte un prénom à signification. Et ce n’est pas Belle, mais Honneur. Petite maligne de 5 ans, elle avait déjà compris comment fonctionne le monde, et s’était exclamée qu’elle « aimerai[t] mieux être Belle ! ». Prénom qui devint d’une terrible ironie au fil des années, alors que la petite fille ne l’était pas. Lorsque sa famille est obligée de déménager dans le Nord, elle reste philosophe et s’adapte rapidement à sa nouvelle vie. De même, lorsque son père mécontente la Bête qui habite les bois près de chez eux, en cueillant une rose dans son jardin. La rose était pour elle, alors Belle décide de se sacrifier et de partir vivre avec la Bête comme celle-ci l’exige en paiement.
Outre le fait que tout cela reste très fidèle au conte originel, j’ai trouvé que le récit manquait d’allant. La narration est du point de vue de Belle, et le ton reste plutôt monotone tout le long du roman. Je ne me suis pas sentie touchée par les personnages, et encore moins par la romance proposée. Tout reste très gentillet, et la Bête m’a parue dépourvue du relief nécessaire aux personnages marquants. Tout cela manque de punch et d’émotions.
L’autre point qui m’a dérangée, c’est qu’avant la fin du livre, notre héroïne le devient bel et bien, belle. Nous avons toute une histoire sur le fait de voir au-delà des apparences, de reconnaître la beauté intérieure et la bonté, et apparemment la récompense ultime, c’est de devenir beau. Car lui aussi est bien sûr beau à tomber par terre derrière son masque de Bête. Cela me gêne légèrement aux entournures. De même, le fait que le désir de Belle d’aller à l’université passe totalement à la trappe.
Dommage.
Roman publié aux éditions Pocket – Traduit de l’anglais (États-Unis) par Sophie Dalle
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