Dans une petite ville du Minnesota sauvage où les rivières deviennent lacs et les lacs rivières, le vieux Harry Eide fugue, désertant son lit de mort pour la forêt profonde. On ne le retrouvera pas. Les deux êtres qui l’ont le plus aimé – Gus, son fils, et la discrète Berit, son grand amour longtemps resté en lisière de sa vie – se racontent cet homme qui gouverna leur monde tout en leur échappant.
Avis : L’homme de l’hiver nous raconte les souvenirs de Berit Lovig, la femme qui a aimé Harry Eide, et ceux de Gustave, dit Gus, le fils de Harry. Et c’est par leurs discussions et la mise en commun de leurs mémoires que nous avançons dans l’histoire personnelle, mais tellement interpénétrée, des Eide et des Aas ; 2 familles qui ont façonné la vie de Gunflint, petite ville du Minnesota, depuis plus de cent ans.
Voici un roman passionnant mais inclassable. Il y a des secrets, des morts ou disparitions, des non-dits et des émotions intergénérationnelles magistralement décrites. C’est comme une enquête sur plusieurs faits plus ou moins lointains. Plus ou moins connus. Plus ou moins réels, car ils sont parfois aux confins de la mémoire collective ou familiale.
Le rythme est lent, en alternance entre les souvenirs de Berit et ceux de Gus. C’est puissant d’émotions. Cela crée un vrai suspense et une attente de la révélation de ce qu’il s’est passé ou non, dans le grand nord…
Mais le plus intéressant est sans doute la puissance d’évocation de la Nature, de sa beauté, de son pouvoir et de sa violence. Dans une région remplie de lacs, de chutes et de rapides, avec les forêts comme building, les protagonistes sont souvent perdus mais cela va étonnement leur permettre de se retrouver.
Livre fort et magnifique, L’homme de l’hiver m’a entraînée dans ses allégories et ses sentiments profonds. J’ai hâte de lire Au nord du nord du même auteur.
L’homme de l’hiver est un roman paru aux éditions Rivages (Poche) – Traduit de l’anglais (États Unis) par Anne Rabinovitch.